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Grace Jones, reine des garces

A 67 ans, Grace Jones sort « I’ll Never Write My Memoirs », son autobiographie. Elle revient sur son incroyable carrière. Au passage, elle prend soin d'égratigner ses consoeurs pop.

Elle avait promis qu’on ne l’y prendrait pas. Puis elle en a décidé autrement, rappelant avec panache qu’il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis: à 67 ans, Grace Jones sort son autobiographie intitulée «I’ll Never Write My Memoirs», en clin d’œil à sa chanson «Art Groupie» issue de son album «Nightclubbing» en 1981. En quasi 40 ans de carrière, la sculpturale créature jamaïquaine s’est érigée en femme totem de la culture pop. Forte en gueule et sophistiquée, elle a tout incarné avant tout le monde en imposant un respect inégalé dans la galaxie des popstars au rayon provoc. Rihanna, Madonna, Nicky Minaj, Lady Gaga et Beyoncé, toutes peuvent aller se rhabiller.

A la fois reine disco, figure new wave, méchante James Bond girl, diva androïde, androgyne, miss Jones s’est toujours amusée à être fabuleuse. Celles et ceux qui y étaient se souviennent du concert de l’interprète de «La Vie En Rose» au Montreux Jazz en 2009, une invitation à un incroyable voyage dans le temps, retour à ses années parisiennes en faisant une boucle hallucinante par le New York du Studio 54 et la Factory d’Andy Warhol. Des coulisses où elle changeait de costume pour chaque chanson, elle balançait des phrases au micro – en français dans le texte – du genre: «Je suis toute mouillée, il va falloir faire l’amour maintenant».

une sexualité féroce
Sans jamais se prendre trop au sérieux, elle a toujours exhibé une sexualité féroce, carrément féline. A l’image de son célèbre portrait en cage réalisé par Jean-Paul Goude, son mari à l’époque, accompagnée du slogan «Ne nourrissez pas l’animal» dans son livre «Jungle Fever» paru en 1983. Un trait d’humour cinglant qui avait fait bondir la frange des féministes qui n’aiment pas les plaisanteries, bien avant qu’elles ne s’appellent les chiennes de garde. A Joan Rivers, la légendaire présentatrice du «Tonight Show» aux Etats-Unis, qui lui demandait quel avait été son costume le plus sauvage en 1985, elle avait répondu dans un éclat de rire: «Complètement nue. Je suis arrivée comme ça une fois dans une fête à Paris, avec un simple collier de dents et d’os d’animaux autour du cou. Ça avait fait son effet autour de moi !»

A 67 ans, Grace Jones continue de n’en faire qu’à sa tête. Ainsi, la version longue de son hit «Slave To The Rythm» au hula-hoop (voir la vidéo de son live bâlois de 2009 ci-dessous) avec la souplesse d’une adolescente est devenu le moment d’anthologie de ses concerts actuels. Sans rien dévoiler du livre qui sera disponible en français en mars 2016, dans les teasers de la campagne de lancement et les interviews accordées à différents médias, la diva se délectait à balancer sur ses descendantes.

«Elle n’a pas d’âme»
Une fois encore, à son âge, elle peut tout se permettre. Et la langue de bois ne fait pas partie des pratiques auxquelles elle a habitué ses fans. Parmi celles qu’elle remet à leur place, Lady Gaga en prend pour son grade. «Elle n’a pas d’âme»: le jugement radical et définitif de la muse du couturier Azzedine Alaïa ne laisse aucune chance à la poupée pop. Question d’époque certainement. A propos de la princesse R’n’B de la Barbade Rihanna, dont la filiation avec Jones est la plus marquée, elle dit dans son livre: «Inspirée par moi, elle a porté un body peint. Sauf que moi, Keith Haring peignait directement sur ma peau». En une phrase, l’artiste de l’avant-garde résume la vacuité du marketing 2.0 face à l’authentique et innocente décadence des années 80. Si ce n’était pas mieux avant, c’était en tout cas plus fun.

» Grace Jones, «I’ll Never Write My Memoirs», éd. Simon & Schuster UK