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Gouttes d’or sur corps brûlants

Gouttes d’or sur corps brûlants

Difficile de faire mieux dans le petit monde sans peur et sans reproche de l’édition androphile alternative: «Pisszine» est de loin le fagzine de référence le plus joyeusement éhonté à ce jour. imprimé sur papier jaune, son nom annonce la couleur.

Concept impensable sur une majeure partie de la planète, difficilement vérifiable actuellement pour cause d’obscurantisme aigu, «Pisszine» fait pourtant indiscutablement partie des rares légendes urbaines ayant réellement vu le jour et s’adressant à un microcosme poilu n’ayant pas peur de la glorieuse urée, plus communément reconnue sous le nom de « pisse».

Principalement dévouée aux joies de la golden shower sur mentons barbus, cette publication plus que dérangeante appartient fièrement au panthéon du fagzine dans toute sa splendeur. Parmi les rares éditions suffisamment originales et spécialisées appartenant au monde auto-géré de la presse gay hardcore, «Pisszine» fait figure d’exemple lorsqu’il s’agit d’expliquer ce que ce choix éditorial signifie véritablement.

Un camion citerne par personne
Vénérer l’ondinisme homosexuel publiquement n’est pas forcément chose commune et encore moins sur papier jaune pipi photocopié. Il semblerait qu’en en une vie bien remplie, un homme élimine environ 40 000 litres d’urine, soit l’équivalent d’un gros camion citerne ou d’une piss-cine. Arborant fièrement son titre réjouissant, l’urophilie iconophage propre à «Pisszine» flirte plus facilement avec l’exercice stylistique extrêmement léché qu’avec un fétichisme sordide de fond de pissotière. Privilégiant la qualité à la quantité, on y saisit de préférence au vol la précieuse goutte effleurant un visage béat plutôt qu’un jet éthylisé contre un mur au coin d’une ruelle. De ce fait, cette publication peut facilement être considérée comme référence absolue dans le domaine urophilique gay contemporain. Une certaine élégance est de mise, les modèles à la pilosité abondante et aux piercings arrogants s’affichent fièrement au fil des pages couleur de « pluie dorée».

Les graffitis propres aux urinoirs font aussi partie du décor, épinglés lors de pérégrinations fétichistes dans ces véritables lieux de culte fantasmatique que sont les pissoirs

La plupart des numéros font la part belle aux barbichettes bien fournies desquelles ruissellent délicatement quelques fines goutelettes du précieux liquide, sublimé par l’impression en noir et blanc sur fond jaune bien criard. Les graffitis propres aux urinoirs font aussi partie du décor, épinglés lors de pérégrinations fétichistes dans ces véritables lieux de culte fantasmatique que sont les pissoirs pour tout ondiniste qui se respecte. Ayant donné lieu à d’innombrables soirées éponymes dans le monde entier, «Pisszine» peut se targuer d’être devenu une image de marque à part entière. Décédé abruptement en 2002, son créateur, le milanais Max Magrini – également connu sous le nom de Max_M dans le monde de la techno minimale berlinoise avec son label M_REC Ltd – a laissé derrière lui un empire bâti sur des latrines.

Symbole héraldique
A ce jour nul n’a osé se réapproprier le fond jaune distinctif de «Pisszine» tant il peut être facilement comparé à une sorte de symbole héraldique propre à celui qui a su donner ses lettres de noblesse à une certaine urine des grands soirs. «Pisszine» fait indiscutablement partie des fagzines les plus originaux et spécifiques ayant jamais existé, bien qu’il soit quasiment impossible de trouver une trace de son contenu sur Internet. Diffusé épisodiquement et confidentiellement en milieu fermé, il n’en aura pas fallu beaucoup plus pour créer une légende à peine croyable pour certains, faisant les gorges chaudes des non-initiés avec son nom ravageur et son concept doublement tabou. Rarement l’urine aura été aussi sexy et l’urologie franchement envisageable sans aucune arrière-pensée, qu’après avoir feuilleté un numéro du regretté «Pisszine».