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L’ange électrocuté

Dans son documentaire «Electroboy», Marcel Gisler retrace le parcours hors du commun d’un être intriguant, fascinant: le Suisse Florian Burkhardt.

Un homme dans la quarantaine est assis sur une chaise dans une pièce nue aux murs défraîchis. L’air emprunté, malhabile, il raconte sa vie face caméra. Sur un ton détaché, presque indifférent. Comme si son histoire n’avait aucun intérêt. Ou qu’il s’agissait de celle d’un autre. Rien de tel pourtant. Cet homme, c’est Florian Burkhardt. Un nom qui ne dira certes rien à beaucoup, mais dont le réalisateur suisse Marcel Gisler a choisi de retracer, dans un documentaire mêlé de fiction, le parcours extraordinaire. Celui d’un touche-à tout génial, qui s’est senti différent dès son enfance.

On découvre en effet un jeune gay sulfureux d’une beauté à la James Dean, décidé à devenir une star. Il se rend à Hollywood, suit des cours d’art dramatique. Intime de Kate Winslet et de Leonardo DiCaprio, il tourne dans une série. Il se croit arrivé, mais son rêve de célébrité s’évanouit. Florian n’en rebondit pas moins. A l’occasion d’un voyage à Milan, sa jolie gueule lui permet de devenir top model pour Gucci et Prada, qui se l’arrachent. Dans les années 90, ce promoteur du snowboard en Suisse se passionne également pour le web. Pionnier du net, il travaille pour Migros, Bank Leu, Sunrise. Compositeur de musique électronique, il organise des nuits techno hyper tendance à Zurich, sous le nom d’Electroboy.

Rente d’invalidité
Et soudain, coup de frein brutal. Après avoir vécu douze ans à mille à l’heure, Florian Burkhardt craque. Il n’a que 32 ans. En pleine notoriété, cet hyperactif narcissique se retire de la vie publique. Suite à un passage par l’hôpital psychiatrique, il vit aujourd’hui seul avec son chien Hugo à Bochum, en Allemagne, bénéficiant d’une rente d’invalidité pour troubles du comportement et crises d’angoisse.

Accro aux médicaments, agoraphobe, il a du mal à sortir de chez lui. Des névroses dont Marcel Gisler tient à rechercher l’origine en se penchant sur son passé et en interviewant ses proches: Fidji, son improbable agent américain, son père, sa mère, son frère. Dans la deuxième partie, le documentaire vire ainsi au drame psycho-familial, avec résurgence de lourds secrets, un deuil, une jeunesse cloîtrée, son homosexualité, le comportement de parents «incompatibles». A commencer par une mère castratrice et un père pour qui l’homosexualité de son fils est inconciliable avec sa religion.

Avec «Electroboy» le cinéaste livre, sous forme de confession entre émotion, transparence, respect, drôlerie et impudeur, le portrait passionnant d’un être intrigant, fascinant, en manque d’amour et avide de reconnaissance.

«Electroboy», de Marcel Gisler. Sortie mercredi en Suisse romande.