«Pride», trop gay pour le marché américain
Le distributeur US du film britannique qui raconte l'épopée de militants LGBT aux côtés de mineurs en grève a décidé de gommer toute référence à l'homosexualité sur la jaquette du DVD.
Salué comme le «feel-good movie» de 2014, le film «Pride» a reçu un étrange lifting pour sa sortie DVD et blu-ray aux Etats-Unis, en décembre, quatre mois après sa sortie en salles. La jaquette du film britannique, qui raconte le combat des associations homosexuelles aux côté des mineurs en grève, dans l’Angleterre thatchérienne du début des années 1980, a vu disparaître toute référence… à l’homosexualité. Non seulement le synopsis du film a subi un straightwashing en règle, mais Sony Pictures Home Entertainment est allé jusqu’à recomposer le montage qui sert de cliché promotionnel du film. On y voit les acteurs défiler dans une rue de Londres sous une banderole «Lesbiennes et gays soutiennent les mineurs». Dans la version US, le calicot a été remplacé par un coin de ciel bleu et quelques ballons roses.
Anachronique
Ben Roberts, le réalisateur (gay lui-même) est fataliste. «Je ne suis pas surpris que les distributeurs américains aient pris la décision de vendre davantage d’exemplaires en diluant le contenu gay, a-t-il confié au quotidien britannique «The Independent». Je ne le défends pas – c’est un procédé mauvais et anachronique – je dis juste que je ne suis pas surpris. C’est une malheureuse réalité commerciale, ici et aux USA, que les distributeurs doivent prendre en compte. Les titres LGBT sont largement marginalisées en dehors de rares succès comme ‘Brokeback Mountain’.» Bref, tous les moyens sont bons, même les plus absurdes, pour qu’un DVD finisse pas dans le bac «films gay».
Malgré un accueil très favorable de la critique, «Pride» a connu un succès mitigé en salles, aussi bien au Royaume-Uni qu’aux Etats-Unis et en Europe continentale. Le film a totalisé 180’000 entrées en France et 15’000 en Suisse depuis septembre.
Sous le sceau de l’anonymat, je peux dire que j’ai essuyé mes larmes et retenu des sanglots pendant deux heures. Vous êtes prévenu 🙂
Je crois surtout que les publicitaires ont voulu éviter la référence peu compréhensible à la lutte des classes (la pancarte « Support the miners »), une revendication typique au Royaume Uni des années 70 et peu connue aux USA, ou qui du moins n’existe pas sous cette forme là. Faut peut chercher la petite bête partout.