«Entre incarnation et parole»
Pour sa première mise en scène, le comédien lausannois Guillaume Béguin s’immerge dans la langue de Jon Fosse. A voir jusqu'au 17 au Théâtre 2.21 à Lausanne.
Pour sa première mise en scène, Guillaume Béguin s’immerge dans la langue de Jon Fosse. C’est un roman de cet auteur norvégien, Matin et soir, que le comédien lausannois, remarqué récemment dans Hunger! Richard III à la Comédie et dans Les Voix Humaines à Dorigny, a choisi d’adapter pour la scène – avec le parti pris de ne rien réécrire, de préserver la forme de ce texte «à la frontière avec le soliloque intérieur.» Matin et soir condense la naissance, la mort, et l’«après» de Johannes. Autour de lui, sa femme Erna et son ami Peter, dont on comprend qu’ils sont surtout des passeurs vers un autre monde.
Sur scène, deux hommes et une femme échangent leurs rôles, comme s’il y avait un «flottement entre incarnation et parole.» «Les comédiens sont quelques secondes un personnage, puis ils glissent vers autre chose, explique Guillaume Béguin. Pour moi, les trois comédiens sont tous les personnages. Et je crois que c’est comme ça dans la vie. Pour l’instant je suis moi, mais dans un quart d’heure, je serai dans la tête de quelqu’un d’autre…»
Pourquoi ce récit? «C’est un texte qui parle des questions que tout le monde se pose sans vouloir se l’avouer: D’où vient-on, où va-t-on, que sont devenus les êtres qu’on a perdus… Et Jon Fosse a le mérite de montrer à quel point, parmi toutes les réponses dont on dispose, aucune n’est vraiment satisfaisante; ni celles qui sont données par la religion, ni le nihilisme forcené non plus. C’est la force de cet auteur: nous emmener toujours ailleurs.»
Matin et Soir, par la Cie De nuit comme de jour, au Théâtre 2.21; 10, rue de l’Industrie – Lausanne, jusqu’au 17 juin (relâche le lundi). Rés. 021 311 65 14 www.theatre221.ch
