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Apparat, le théâtre en apparté

Le Berlinois, maître de l'Intelligent Dance Music et complice d'Ellen Alien, revient avec une bande originale pour la scène. Un album inattendu, volatile et spirituel.

Sascha Ring est de ces artistes qui ont su sortir la musique électronique des temples industriels et autres sarcophages de béton au fond desquels trépide la nuit berlinoise. Apparat – c’est son nom de scène – , a même pris ces dernières années un virage pop assez sec qui a projeté ses compositions dans quelques bandes-annonces («Laurence Anyways» de Xavier Dolan au fil d’un titre de Moderat, le groupe qu’il forme avec Modeselektor) et autres séries télé («Skins» et «Breaking Bad») aux horizons clairement mainstream.

Pourtant, avant de laisser glisser son filet de voix sur ces volutes synthétiques dont il a le secret, Sascha Ring a longtemps développé une science des petits matins qui frappent fort très appréciée des clubbers. Et lorsqu’il lui arrive encore de laisser parler son âme de DJ, perché sur un deck en surplomb de l’un ou l’autre des plus fameux dancefloors du globe, les subwoofers transpirent l’adrénaline. Comme lors de ce petit nouvel-an 2013 organisé en collaboration avec Ellen Alien dans les pénombres survoltées du Womb de Tokyo, une soirée dont votre humble serviteur se souviendra durablement, croyezen sa longue expérience des nuits qu’on souhaite interminables…

Plus radical
Oui, la force d’Apparat, c’est de surgir là où on ne l’attend pas. Nouvelle preuve en est faite avec cet album en forme de bande orginiale pour le théâtre, intitulé «Krieg und Frieden», en référence au «Guerre et Paix» de Tolstoi. Finies, les turbines sautillantes à la «Turbo Dreams» co-signées avec Ellen Alien, dont le label Bpitch Control a longtemps assuré la production et la promotion. Loin derrière, les collaborations et les remixes pour l’hypnotique Nathan Fake ou le si raffiné Francesco Tristano. Même les plus récentes aspirations lyriques d’Apparat («The Devil’s Walk») paraissent mises à distance par ce projet plus radical et plus expérimental.

«Krieg und Frieden», écrit en marge d’une mise en scène de Sebastian Hartmann, intendant du Schauspiels Leipzig, déploie de larges paysages sonores et atmosphériques. La littérature russe a inspiré à Sascha Ring un décor à perte d’oreille dans lesquel se perdre et s’oublier, traversé par une mélancolie orchestrale (un ensemble de trente instrumentistes à cordes!) qui frôle souvent le coup de maître.

Evidemment, les allergiques au sentimentalisme et les adeptes du beat pur et dur n’y trouveront pas leur compte. Mais tous les autres, et surtout celles et ceux doté(e)s d’un certain goût pour le vague à l’âme, se laisseront aspirer par cette fresque foisonnante, dans laquelle les drones les plus galvanisés côtoient volontiers la chaleur du piano ou quelques éclats de xylophone. En prime, deux plages donnent à entendre le timbre à la fois fragile et rugueux de Sascha Ring, «Lighton» et «A violent Sky» (à écouter ci-dessous), deux chansons lancinantes aux climats intensément assoupis, qui vous emportent loin loin loin, là où la musique a le pouvoir de construire des mondes tout entiers au creux d’un simple apparté.

Apparat, «Krieg und Frieden» (Mute)