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Petits mensonges entre copines

«Pretty Little Liars», c’est une série américaine à succès produite par la très consensuelle chaîne ABC Family. Un personnage lesbien y tient le haut de l’affiche, n'en déplaise à une partie des téléspectateurs.

Bienvenue à Rosewood, petite ville américaine bien proprette, aux habitants pour la grande majorité WASP (White Anglo-Saxon Protestant, ndlr) et aux revenus aisés. Emily, Hanna, Spencer et Aria mènent leur petite vie bien tranquille et ordinaire de collégiennes manipulées par leur meilleure amie Alison. Une Best Friend Forever qui n’hésite pas pour autant à abuser du chantage affectif pour se servir d’elles comme de marionnettes. Jusqu’au jour où Alison, n’ayant eu semble-t-il que ce qu’elle mérite, se fait assassiner. En parallèle, un ou une mystérieux/se «A» commence a harceler les quatre filles de mails et de sms haineux, les incitant à des actions à la morale douteuse en les menaçant de dévoiler leurs secrets respectifs. Vous voici donc dans «Pretty Little Liars».

Toute une équipe
Les personnages de cette série forment une jolie brochette de bonimenteurs. Aria embrasse en cachette son enseignant d’anglais. Hanna se fait attraper la main dans le sac en train de voler des lunettes de soleil. Sa mère se voit forcée de séduire le policier s’occupant du dossier de sa fille (et également, de manière improbable, de l’enquête du meurtre d’Alison) pour qu’il abandonne toute poursuite. Une mère qui, en très mauvaise banquière, dilapide son salaire, vole l’héritage qu’elle gère pour une dame âgée et donne ensuite des leçons de bonne conduite à sa fille. Quant à Spencer, pour attirer l’attention de ses parents, elle subtilise une dissertation de sa soeur qui lui rapporte finalement un prix de mérite national. Compétitive jusqu’au bout, elle ira même jusqu’à embrasser l’actuel fiancé de sa frangine. Emily, pour sa part et sous le couvert d’un petit ami qu’elle connaît depuis l’école enfantine, semble afficher un intérêt certain pour la gent féminine.

Bien joué
L’intrigue a de quoi irriter en mettant dès le premier épisode l’orientation sexuelle d’Emily sur le même plan que les doigts collants d’Hanna. Un scénario qui ne laisse présager rien de bon car au premier abord on peut s’attendre a un énième personnage lesbien qui, selon toute probabilité embrasserait à plusieurs reprises une des protagonistes de la série, forcement en couple avec un garçon, ferait plusieurs petits pas (physiques mais pas psychologiques) en direction d’une potentielle relation homosexuelle histoire d’atteindre des records d’audience puis s’en irait clopin-clopant reprendre le droit chemin de l’hétérosexualité. Mais contre toute attente, Pretty Little Liars prend le parti, dès le départ, de faire un parcours LGBT sans faute. Emily se voit offrir autant de minutes à l’écran pour vivre ses expériences saphiques que ses amies hétérosexuelles. Du premier baiser à un coming-out touchant à des parents très secoués et à des amies au soutien immuable, les scénaristes ont même souhaité passer par la case incident homophobe à l’école suivi de l’intervention du coach sportif qui rappelle la tolérance zéro de l’établissement face à ce type de discrimination. Pas un mot n’est mauvais ni de trop. «A», qui tente de faire chanter Emily en la menaçant de dévoiler son homosexualité, se voit même contraint/e de baisser les bras et de l’attaquer finalement en la faisant accuser de dopage. Le cheminement d’Emily sonne vrai du débat à la fin, avec un jeu impeccable de l’actrice Shay Mitchell, dont c’est le premier grand rôle, et qui délivre un personnage sincère et, cerise sur le gâteau, pas trop crispée en embrassant une autre fille. La thématique LGBT est réaliste et excellemment traitée, évitant tous les pièges habituels dans lesquels tombent les séries ne cherchant qu’à faire de l’audience.

Mickey à la page
Marlene King, une des productrices de la série, a dès le début pris conscience de la responsabilité incombant à la création d’un personnage principal lesbien, plus particulièrement face à la vague de suicides de jeunes LGBT de l’automne 2010. Elle s’est entourée de scénaristes au fait de ces thématiques, multipliant même, sur l’écran, les appels de soutien au projet It gets better. ABC Family, une sous-division du groupe Walt Disney, n’est pas franchement une chaîne familiale connue pour ses programmations à l’avant-garde. Elle a toutefois assuré Marlene King de son soutien face aux critiques virulentes émises par certaines associations familiales demandant l’annulation de la série et dénonçant «l’endoctrinement» des jeunes téléspectatrices. La chaîne, loin de s’inquiéter des retombées négatives d’un personnage principal aussi ouvertement homosexuel dans une de ses séries phares, ni du retrait outré de deux grands annonceurs de publicité, a eu au contraire une obsession toute autre: qu’aucune image d’incitation à la drogue ne soit diffusée.

«Pretty Little Liars», et son scénario improbable, comptabilise pas moins de 7 millions de fans sur Facebook et bénéficie de records d’audience aux Etats-Unis. En termes de visibilité et de soutien LGBT, le personnage attachant d’Emily a permis de sensibiliser un jeune et très large public tout en douceur. L’actrice Shay Mitchell a d’ailleurs reçu de nombreuses lettres de reconnaissance de la part de jeunes filles en questionnement qui disent avoir trouvé du soutien et de l’espoir en regardant la série.

«Pretty Little Liars» est diffusée en France sur la chaîne du câble June. Bande annonce: