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Homos cousus de fil blanc

Depuis Nicolas dans «Une famille formidable», il y a pile vingt ans, les personnages gay et lesbiens squattent les séries francophones populaires. Mais avec encore bien peu d'audace.

Mille neuf cent nonante: les premiers personnages LGBT débarquent dans les séries télévisées françaises. Si homo il y a, ils sont soit victimes de leur «douloureux problème». Résultat: des personnages comiques et caricaturaux. En 1992, «Une famille formidable» (TF1) ouvre le feu avec Nicolas. Marié, puis alcoolique, joueur compulsif et drogué, il finit par se découvrir gay. Coming-out sans problème et accueil chaleureux de son compagnon par sa famille. Tout est pour le mieux. Mais Lucas, le petit ami de Nicolas, découvre que son fils est homosexuel. Se sentant responsable – bien sûr – de l’orientation sexuelle de son fils, il envisage donc de retourner vivre avec son ex-femme (!) pour tenter de préserver son enfant de la souffrance d’être homo. Heureusement, le fiston se trouve une petite amie! Son père et Nicolas peuvent donc continuer à filer le parfait amour. Aïe.

Parallèlement, en 1993, le sitcom «Les filles d’à côté» (AB production) prend le parti de l’homo burlesque et c’est Gérard qui s’y colle. Il est maniéré, bodybuildé, huilé, épilé, mais ouf: sans aucune vie sexuelle. Gérard est gentil. Gérard est le parfait ami des filles (d’à côté). Gérard est drôle à son insu. Bref, archétype caricatural, ce personnage montre à lui seul la bêtise et la vulgarité avec lesquelles on peut parfois traiter de l’homosexualité.

Rose, mais surtout pas arc-en-ciel
Les années post-pacs sont plus prolifiques en personnages LGBT. Pourtant la tendance à présenter l’homosexualité systématiquement comme une terrible souffrance reste forte. Le fameux Gérard des «Filles d’à côté» finit par se marier, Gaël dans «La vie devant nous» (TF1, 2002) se suicide après avoir «renoncé» à son orientation sexuelle. Bref, le tableau est loin d’être rose.

Le personnage de Laurent Zelder dans la série «Avocats et associés», dès 1998 sur France 2, met fin à la série noire. Sa vie sentimentale est traitée de la même façon que celle de ses collègues hétéros et Laurent ne finit pas (surprise!) par «revenir dans le droit chemin». Les filles aussi acquièrent le droit à un traitement «normal» de leur sexualité. En 2006, Tina et Nadine ont une relation dans «PJ» (France 2). Au Royaume Uni, c’est «Bad Girls» (ITV diffusé sur RTL9) qui, entre 1999 et 2006, fera défiler toute une brochette de lesbiennes et de gays.

Depuis, chaque série, chaque feuilleton, chaque téléfilm y va de son homo de service. En vrac «Joséphine ange gardien» (TF1), «Famille d’accueil» (France 3), «Madame le proviseur» (France 2), «Suspectes» (M6)… L’homo de service est un must, indispensable au politiquement correct.

Fondus dans la masse
Si les homosexuels se démarquaient par leur souffrance ou leur grotesque, ils ont maintenant perdu ces deux attributs: les voilà totalement fondus dans le modèle hétéro. Pas de culture gay au programme! Les homos sont désormais proprets, fidèles, gentils, rangés, intégrés au possible. A trop vouloir éviter le cliché, l’homo est étouffé par l’assimilation. Hormis l’arrivée de grandes folles quelque peu caricaturales dans les récentes séries US («Glee», «United States of Tara», «Ugly Betty»), il n’y a pas grande place pour la différence.

Ce modèle d’intégration, probablement jugé comme une faveur à la communauté gay («enfin, ils sont monsieur et madame Tout-le-monde!») est toutefois perçu par une partie de ladite communauté comme réducteur, bêtifiant et peu représentatif de la réalité. C’est pourtant ce mode de vie-là, si peu subversif, qui semble faire encore peur aux politiques, ces derniers refusant encore l’ouverture du mariage ou de l’adoption aux LGBTIQ. A espérer qu’au moins, Nicolas Sarkozy, Christine Boutin et autres Christophe Darbellay s’installent un peu plus souvent (en famille) devant une bonne série franchouillarde.