Un huis-clos familial s’affiche à la Comédie
«A découvert», la dernière création de Manon Pulver se joue à Genève jusqu'au 1er Avril. Un texte emprunt d'humanité qui nous rappelle que certains héritages sont parfois difficiles à porter.
L’enfer c’est les autres comme disait Sartre et la dernière pièce écrite par Manon Pulver semble bien confirmer ce vieil adage. Pour «A découvert», la scène de la Comédie de Genève se veut une maison de maître qui jouxte le lac Léman, vieil héritage du père défunt de Stella. Cette dernière a reconverti ce bijou familial en une galerie d’art contemporain comme pour donner un écho posthume à son paternel jadis artiste de renommée internationale.
Tout débute le jour de son anniversaire. Armée de ses quarante ans, Stella attend angoissée le peu de famille qui lui reste : son excentrique mère Pamela flanquée de son profiteur de concubin Pablo. Mais aussi Maxime, son frère, directeur d’une entreprise de retraitement de déchets. Angoissée: car moins elle les voit mieux elle se porte. Heureusement, une pièce rapportée accompagne Stella dans cette aventure: Maya, son assistante bâloise. Stéréotype polyglotte de la femme débordante d’énergie et dont la vie est dévouée à l’art. Une bouffée d’oxygène.
Faillite
Dans cette première partie, on rit beaucoup. On s’y retrouve tous. Les attaques fraternelles. La difficulté d’accepter le mode de vie de ses pairs. Le texte est vif, frais. Les comédiens aussi. Mais soudain le tableau s’assombrit et laisse la place à une partie plus ténébreuse. Peu à peu on glisse irrémédiablement dans la faillite familiale. Les découvertes s’enchaînent, les illusions tombent. Bas les masques ! Au sens propre comme au sens figuré. Tout ce petit monde se retrouve à découvert…
C’est une pièce, ou plutôt un texte profondément humain qui se joue jusqu’au premier avril boulevard des Philosophe. Un texte à fleur de peau qui nous ramène à tous ces héritages que bien souvent nous ne choisissons pas.
«A découvert» de Manon Pulver. Mise en scène: Daniel Wolf. A la Comédie de Genève jusqu’au 1er avril; 6, bd des Philosophes.
Les textes d’«A découvert» et de la précédente création de Manon Pulver, «Au bout du rouleau» inaugurent dès le 19 mars la toute nouvelle collection Ecritures théâtrales des éditions Kazalma.