Le coming-out manqué de Lucio Dalla
Le 1er mars, le chanteur succombait à un infarctus. Le décès subit de l'auteur de «Caruso» a soulevé une vague d'émotion en Italie. Mais des notes discordantes se font entendre du côté de la communauté gay.
Lucio Dalla méritait-il un coming-out posthume? La question a éclaté sur les réseaux sociaux et sur les blogs, bientôt rejoints par les médias conventionnels, dès le lendemain de sa mort, à Montreux (Suisse). Une chaîne de télévision a ainsi précisé dans sa nécrologie que Dalla «était un gay qui ne se cachait pas». Mais en fait, son homosexualité apparaissait plutôt comme un secret de polichinelle dans le milieu gay italien, bien qu’il n’ait jamais fait de coming-out public. «Dalla n’a pas eu le courage de sortir du placard, même si tout le monde savait. au moins, il aura fait une magnifique chanson gay comme Ciao a te!», a résumé le militant gay Franco Grillini. Dans une interview à une revue gay en 1979, le chanteur avait d’ailleurs indiqué n’appartenir à «aucune sphère sexuelle». Un démenti qui n’avait pas fait taire les rumeurs – bien au contraire.
Par contre, le chanteur, jadis classé à gauche, avait affirmé avec force sa foi catholique ces dernières années. Dans une interview de 2007, il se déclarait même «ennemi de l’athéisme et du sécularisme» et admirateur de José Maria Escriva de Balaguer, le fondateur du très homophobe Opus Dei. Des prises de positions provocatrices qui sont très mal passées. Sur son blog, l’auteur Aldo Busi, tire à boulets rouges sur l’«hypocrisie» de la star. Il dénonce un Lucio Dalla qui «n’a jamais rien dit contre l’homophobie d’origine cléricale qui empoisonne son pays et qui pas une fois ne s’est positionné en faveur des droits piétinés» des homos italiens.
