La Serbie soigne son homophobie par le rire
Une comédie sur le sujet ultrasensible de la Gay Pride a battu tous les records d'entrées en Serbie l'an passé. Le film vient d'être présenté à Berlin.
Les violents affrontements déclenchés par des nationalistes, qui ont accompagné la Gay Pride de 2010 en Serbie sont encore gravés dans toutes les mémoires. Au point que le défilé de l’an dernier a été annulé. Mais la marche des fiertés belgradoise est revenue en Serbie… sur les écrans. Salué par la critique à sa sortie, en octobre dernier, «Parada» a battu tous les records au box office serbe l’an dernier – un demi-million d’entrées dans un pays qui compte 7 millions d’habitants – mais aussi dans les Etats voisins d’ex-Yougoslavie.
Le film, qui vient d’être présenté à la Berlinale, n’a rien d’une œuvre engagée – du moins apparemment. Résolument burlesque, elle raconte la mise sur pied d’une marche homo par un couple de gays flanqués d’une équipe de bras cassés venus des anciennes républiques ennemies. Tout ce petit monde est baladé à travers le pays à bord d’une vielle Mini rose. Jouant à fond les clichés sur les homos, mais aussi sur les ex-Yougoslaves, «Parada» est surtout une satire féroce de l’après-guerre qui tire à boulets rouges sur le machisme balkanique.
Fierté
Dans «The Guardian», son réalisateur Srdjan Dragojevic raconte que le fils d’un de ses amis «avait haï le film». Quand on lui avait demandé pourquoi, le garçon avait répondu: «C’est de la merde, parce que je ne hais plus les pédés.» Une sortie qui a ravi le cinéaste. Si la Pride de Belgrade se déroule sans violence pour la première fois de son histoire, enchaîne-t-il, «je serai fier d’avoir fait quelque chose pour la société dans laquelle je vis.»