Supersonique tropique
Friendly Fires, un trio de londoniens qui fait dans l’agence de voyage vers l’équateur musical.
On peut affirmer sa filiation avec Madonna et afficher un look fièrement middle class. On peut enregistrer dans le garage de Papa et produire des chansons au paroxysme du glamour. On peut se dire inspiré par le label berlinois Kompakt, et mépriser cordialement tout ce qui se réclame de l’indie music.
Surtout, on peut avoir barboté toute son enfance sous le ciel pluvieux du Hertfordshire (comme ça se prononce), au nord de Londres, et pondre un potentiel tube de l’été enrobé de crème solaire à l’arôme de Pina Colada. Voilà le secret du band anglais Friendly Fires, dont le second album beau comme un solstice, «Pala», a tout pour vous faire transpirer les tympans. Moralité : parfois ce sont les mecs les plus anodins qui exhalent un frisson d’exotisme absolu.
Ces trois-là n’ont pas peur de changer radicalement d’hémisphère. Lorsqu’ils commencent à faire de la musique, à la fin de l’école obligatoire, Ed Macfarlane, Jack Savidge et Edd Gibson éructent leur rébellion adolescente à coup de post-hardcore tout juste bon à défriser le brushing maternel. Puis vient le temps de l’université, l’heure de séduire, et les Friendly Fires se passionnent pour les basses discoïdes et les nappes ondoyantes de la house music. Sur scène, ils reprennent Frankie Knuckle, citent Prince et Carl Craig dans leurs influences. «Dans 20 ans, on se voit assez bien en émules de Barry White sur un yacht, lâchent-ils en interview. Mais on sera encore sûrement dans notre garage.»
Du coup, à force d’astiquer la carrosserie de leur pop soigneusement tunée à l’électronique, les mécanos de Friendly Fires exhibent une collection de tubes violet métallisé comme une GTI sur la Côte d’Azur. A commencer par «Live those days tonight», un bolide estival à déguster les cheveux dans le vent, les chevaux sous le capot.
Comme sur la plupart des titres de «Pala», les envolées vocales d’Ed Macfarlane y planent au-dessus d’une production gonflée au super, qui fait carburer des riffs de guitare étincelants dans une motorisation à la fois puissante et voluptueuse («Hawaiian Air», «Hurting»), quelques étincelles de xylophone en option («Running Away»). Quant aux palmiers psychédéliques de «Pala», la chanson-titre, ils berceront vos vacances même si vous les passez cruellement loin de l’équateur. Après tout, avoir les oreilles bronzées c’est déjà un bon début.
(article paru dans le 360° de juillet-août 2011)