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Sans alcool, la fête berlinoise est plus drôle

Sans alcool, la fête berlinoise est plus drôle
Photo: Claudia Hammer

Depuis l'été 2023, une soirée queer «sobre», comprenez sans alcool, a lieu régulièrement au SchwuZ, le grand club queer de Berlin. La Lemonade Queers attire les fêtard·e·x·s LGBTIQ+ lassé·e·x·s des excès en tous genres dans la capitale de la fête et de la défonce. On y était.

C’est promis: demain, ni gueule de bois, ni descente. C’est même garanti: ce soir-là, impossible de commander une goutte d’alcool au comptoir du Pepsi Boston Bar, au SchwuZ, le grand club queer de Berlin. Aucune bouteille d’alcool en vue sur les étagères. À la carte: pas seulement des soft drinks, mais aussi une longue liste de cocktails highballs sans alcool. On en commande un: un délice. Il est 19h et les premier·e·x·s clubbers commencent à arriver. Un public mélangé, très berlinois, pas différent de celui des autres soirées du SchwuZ, fait tranquillement la queue au comptoir.

Un peu plus loin, en coulisses, nous rejoignons Vlady Schklover et Momo Strödecke, les hôtes de cette soirée unique en son genre à Berlin. Tout·e·x·s deux ont le début de la trentaine et ne consomment ni alcool ni drogue depuis plusieurs années. Avant de prendre cette décision radicale, Vlady explique avoir passé sa vingtaine à faire la fête sans relâche: «J’allais beaucoup dans les soirées techno, puis dans les soirées queer, puis dans les soirées chemsex gay. C’était non stop. Certes, boire de l’alcool ou prendre des drogues m’aidait beaucoup à me sentir à l’aise en soirée, mais j’avais énormément de trous noirs le lendemain. Je n’allais pas bien. J’ai fini par perdre mon smartphone dans une énième soirée et j’ai décidé d’arrêter.»

Vlady et Momo. Photo: Claudia Hammer

Décalage sur le dancefloor

Momo, elle, raconte être allée souvent seule dans des clubs berlinois en journée, avec une bonne nuit de sommeil derrière elle, juste pour le plaisir de danser, mais s’être souvent heurtée à un gros décalage une fois sur le dancefloor: «J’arrivais fraîche et sobre tandis que les autres clubbers étaient souvent là depuis la veille. Ils avaient fait la fête toute la nuit, et n’étaient plus vraiment là.»

«Les drogues sont très présentes au sein de la communauté LGBTIQ+, aussi parce qu’il y a beaucoup de personnes qui ont un passé traumatique»

Avec leur soirée, Momo et Vlady veulent offrir à celleux qui sont sobres une soirée dans laquelle iels ne se sentiront pas laissé·e·x·s pour compte, au milieu d’une foule ivre et high. «Nous avons besoin d’une telle soirée à Berlin, car ici les drogues sont vues comme quelque chose de normal», souligne Vlady. «Elles sont très présentes au sein de la communauté LGBTIQ+, aussi parce qu’il y a beaucoup de personnes qui ont un passé traumatique, qu’elles compensent avec des drogues et de l’alcool. Je ne pourrais pas m’imaginer faire une Lemonade qui ne serait pas queer à Berlin.»

Des gens très éveillés

Est-ce que les gens dansent mieux à la Lemonade Queers qu’ailleurs parce qu’iels n’ont pas de problèmes d’équilibre? Pas vraiment. «Dans les soirées dans lesquelles j’allais quand je buvais de l’alcool, les gens dansaient comme pour un stripteaseur·e·x·s. Alors qu’ici, ça ressemble plutôt à de l’expression dance», lâche Vlady en riant. «Les gens sont frais et très éveillés», fait remarquer Momo. «Il n’y a personne qui te bouscule, qui te pousse sur le dancefloor. Les gens ont conscience des limites de leur propre corps». Vlady acquiesce: «Je crois qu’il y a aussi moins de chutes. Mais aussi moins d’abus. Le consentement est pris en compte, les gens se comportent de façon plus respectueuse, tout en étant plein d’entrain.»

Autre point important: la Lemonade Queers s’adresse à toutes les personnes désireuses de passer une soirée sans alcool et sans drogues. Pas besoin d’être soi-même sobre à temps plein. «Tu ne peux pas venir bourré·e·x ici, mais si tu l’es demain on s’en fiche», résume Vlady. Les sober curious et allié·e·x·s sont les bienvenu·e·x·s.

Photo: Claudia Hammer

Et en plus, ça sent bon!

Fin de l’entrevue, retour au bar du SchwuZ. Momo réapparaît bientôt déguisée en bonne fée. En tant que «connection fairy» de la soirée, elle invite celleux qui le veulent à se regrouper près du comptoir. Pendant une heure, elle permet aux participant·e·x·s de briser la glace en invitant de petits groupes à se former par affinité autour de sujets de conversation confortables. Cela permet à celleux qui sont venu·e·x·s seul·e·x·s de se faire rapidement quelques connaissances. On retourne ensuite s’asseoir près du dancefloor avec quelques-unes des nouvelles têtes de la soirée. N’échappant pas à la règle que chaque soirée queer berlinoise comporte désormais un drag show (comme partout ailleurs en Europe, le drag explose à Berlin depuis quelques années), la Lemonade Queers se poursuit par un show avec performeur·e·x·s drag et musicien·ne·x·s.

À 22h, la fête commence sur le petit dancefloor du bar, avec sa litanie d’hymnes queers. On se croirait presque à un mariage – sans les accords mets et vins sur l’estomac. L’ambiance est bonne, intimiste. Ça danse, ça s’esclaffe. Non seulement on se meut plus légèrement que d’habitude, sans la sacro-sainte bouteille en verre qu’agrippe chaque clubbeur·e·x et qui guinde le mouvement, mais on ne se retrouve pas avec un splash de gin tonic sur le T-shirt ou les pompes. La fête n’est plus une danse extatique et approximative entrecoupée de traits d’alcool, c’est une séance de fitness bien plus drôle qu’à la salle de gym. Et, détail qui a son importance: ça sent bon! Pas de flaques de bière sur la piste de danse, pas d’haleines avinées autour de soi. Flashant.

Lemonade Queers, Pepsi Boston Bar (SchwuZ), Rollbergstrasse 26, Berlin, tous les deux mois. Connection space, show et DJ set. Entrée gratuite avant 22h. Prochaines dates bientôt en ligne sur le site schwuz.de et sur Instagram, @lemonadequeers