À voix nue: on a testé le karaoké nudiste
Chanter en public totalement nu·e·x: c'est ce que propose le Monster Ronson's Ichiban Karaoke à Berlin, avec ses soirées Naked Karaoke. Petite visite à une des soirées les plus courues de cette institution queer.
Le principe rappelle celui de certaines soirées sex-positive gay et queer berlinoises dont les participant·e·x·s sont légèrement, voire pas du tout vêtu·e·x·s: on vous donne un grand sac poubelle à l’entrée, dans lequel on abandonne toutes ses affaires, y compris son portefeuille et son smartphone. Au karaoké nudiste, on ne garde que ses chaussures, question de sécurité. On peut aussi acheter sur place un bandana afin de ne pas avoir à s’asseoir directement sur les banquettes et les tabourets de bar.
Munies d’un bracelet numéroté reçu au vestiaire, nous voici donc, mon amie et moi, dans le plus simple appareil, mais bien dans nos pompes. On commande un verre au bar en montrant son numéro aux serveureuses. Iels sont seulement topless, hygiène derrière le comptoir oblige. On ne paiera qu’une fois rhabillées, au moment de repartir.
Légèrement euphoriques, nous arpentons les allées de ce bar mythique de Berlin – le plus célèbre des karaokés de la ville, devant lequel, le week-end, la file d’attente rappelle celles des clubs tout proches. Le Monster Ronson’s Ichiban Karaoke a quelque chose de labyrinthique, avec ses nombreuses cabines privées disposées aux quatre coins. Lors de la soirée Naked Karaoke, elles sont ouvertes à tou·te·x·s. Premier·e·x·s arrivé·e·x·s, premier·e·x·s servi·e·x·s? Oui et non, le règlement du lieu encourageant la clientèle à aller de cabine en cabine. Après quelques chansons claironnées à deux voix, nous sommes bientôt rejointes par un inconnu, avec qui nous passons une partie de la soirée à époumoner un mix de chanson française et de schlager allemand.
Bijoux extravagants
Sur la scène du karaoké, une petite foule applaudit celleux qui montent sur scène, appelé·e·x·s par l’hôtesse de la soirée, Bleach, une charismatique artiste drag-punk incontournable des nuits berlinoises. Le public, ce soir-là, a largement plus de 30 ans, il est majoritairement gay, un peu queer et un brin hétéro – les lesbiennes semblent inexistantes. Quelques personnes queer sont venues avec des bijoux extravagants: sept rangs de perles portés ras du cou, long sautoir multicolore, grandes boucles d’oreilles. Quelques homo montent sur scène avec leur cockring.
L’ambiance est bon enfant. Un peu comme au sauna. Des regards sont échangés, il règne une vague tension sexuelle parmi le public, mais pas plus que lors d’une «soirée textile». On danse, à l’aise parmi ces autres corps nus. Quelques verres plus tard, et sans avoir pu performer Marcia Baila sur scène – il y avait bien trop d’autres noms avant les nôtres –, nous nous rhabillons en continuant à bavarder. On avait presque oublié qu’on était toutes nues.