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Vieille comme la rue? La prostitution hier et aujourd’hui

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«Il n’y a pas de bar lesbien à Berlin»

«Il n’y a pas de bar lesbien à Berlin»

«Il n'y a pas de bar lesbien à Berlin.» Chaque fois que je laisse choir d'un air désolé cette réponse lapidaire à des copines de France ou d'ailleurs qui veulent en savoir plus sur les nuits folles de la communauté LGBTIQ+, c'est la consternation: «Comment? Quoi? C'est une blague? Non mais c'est pas possible! Il n'y a PAS de bar à gouines à Berlin?»

Il y en a eu, pourtant, des bars lesbiens à Berlin. Dans les années 1920, la capitale allemande en comptait des dizaines. Dans les années post-chute du Mur, quand Berlin avait soudain doublé de taille, une jungle de bars, clubs, squats et autres lieux autogérés lesbiens avaient pignon sur rue. Le dernier bar lesbien en tant que tel, le Serene Bar, a fermé ses portes en 2016. Il reste bien un bar à goudous de la vieille époque à Berlin, Die Begine, qui opère sous l’étiquette pudique de «bar de femmes», mais celui-ci a si bien fidélisé son public au fil des ans qu’il est devenu une antichambre de la maison de retraite.

La vie nocturne de la communauté lesbienne et queer-féministe berlinoise de moins de 50 ans s’organise depuis plusieurs années autour des soirées FLINTA* (acronyme qui signifie femmes, lesbiennes, inter, non binaires, trans et agenre – en bref, tout le monde sauf les hommes cis) organisées par une flopée de bars. Seul pourvoyeur de socialité lesbienne hebdomadaire des années durant, le Möbel Olfe, un bar gay historique de Kreuzberg, a longtemps été la plaque tournante de la scène FLINTA* berlinoise. Le mardi soir, quand d’autres avaient piscine, nous, on avait Olfe, c’était impossible de prévoir autre chose. Mais depuis la fin des lockdowns, l’offre autrefois si frugale des autres bars (avant 2021 on s’estimait chanceuse·x s’il y avait quatre soirées FLINTA* dans le mois) a littéralement explosé. La FOMO (fear of missing out), cette crainte de privilégié·e·x·s qui a épargné si longtemps la vie nocturne de la lesbienne berlinoise, plane désormais, menaçante, sur les agendas des FLINTA*.

Et en parallèle, la demande est désormais si forte que même le Möbel Olfe s’est retrouvé cet été pris d’assaut par des centaines de FLINTA* semaine après semaine. Tout le monde ne pouvant pas entrer dans le bar quand il fermait sa terrasse, d’immenses rassemblements s’étiraient jusque tard dans la nuit à ses abords, avec pour corollaire les problèmes de voisinage inévitables. Au point que la direction du Möbel Olfe, dépassée par la situation, s’est résolue au mois d’août à fermer le bar les mardis soirs avant de rouvrir, d’abord à petite dose. Cette affluence record, du jamais-vu, parole d’habituée, a montré clairement que plus que jamais, Berlin a besoin d’un bar lesbien. À bonne entendeuse!

Chaque mois, notre correspondante à Berlin Annabelle Georgen nous envoie des nouvelles fraîches et acidulées de la capitale queer européenne. Sans traces de rouge à lèvres.