Retour sur un congrès lesbien sous tension papale à Rome

Muriel Waeger revient sur le congrès international de l'EL*C à Rome qui a eu lieu en avril. Elle nous raconte ce moment militant, féministe et trans-inclusif, traversé par la mort du pape, la lutte contre l'homophobie d'État et des initiatives solidaires et festives.
C’est lundi de Pâques, je monte dans le train, excitée: huit heures de trajet jusqu’à Rome m’attendent, direction le congrès international de l’EL*C, pour rencontrer 700 lesbiennes venu·e·x·s d’Europe et d’Asie de l’Ouest. Juste avant d’entrer en gare de Milan, une nouvelle tombe: le pape est mort. Une info qui, en d’autres circonstances, m’aurait laissée indifférente, mais qui bouleversera notre programme dès le lendemain.
«Il est crucial que ce congrès ait lieu à Rome»
L’Italie, où la séparation entre État et Église est parfois poreuse, décrète six jours de deuil national. Résultat: tous les événements publics sont interdits, y compris l’ouverture du congrès, déplacée en urgence. L’enterrement du pape est prévu… le jour de la visibilité lesbienne.
Les premiers discours résonnent avec force: il est crucial que ce congrès ait lieu à Rome, dans un pays miné par l’homophobie d’État, les idées fascisantes et l’influence pesante du Vatican. L’Italie reste l’un des derniers pays d’Europe de l’Ouest à ne pas reconnaître le mariage pour touxtes, et tente même de retirer les seconds parents des familles homoparentales.
Nous avons improvisé une manifestation joyeuse devant la boîte»
Les témoignages poignants venus de 55 pays dénoncent la montée des violences, les pertes de droits fondamentaux, les lesbicides. Et pourtant, un espoir commun émerge: celui d’une lutte inclusive, féministe, antiraciste, trans-inclusive. Une lutte portée par les lesbiennes, les bis et les femmes queer, cis et trans, et solidaires de toute la communauté LGBTQIA+.
Cette vision s’est incarnée lors de la marche du 26 avril. Nous avons défilé fièr·e·x·s malgré le deuil imposé. Et lorsque la fête qui suivait s’est révélée inaccessible aux personnes en fauteuil, nous avons improvisé une manifestation joyeuse devant la boîte, refusant de laisser quiconque derrière.