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I have a Dream…

I have a Dream…
Autoportrait d’après Nicholas Hilliard, «Elisabeth I»

Texte du discours que je devais prononcer au Village de la Geneva Pride pour l’ouverture du Week-end des fiertés.

Depuis trop longtemps, on nous a voulu·e·s (et on nous veut encore) sinon invisibles, du moins discrètes et discrets, nous les X. Depuis trop longtemps, nous les X, femmes et minorités de tous genres, avons dû (et devons encore) rester à notre place, ne pas trop en prendre, de la place, la céder, cette place qu’on a attribuée on ne sait trop pourquoi (ou peut-être connaît-on trop bien le pourquoi) aux membres adoubés de ce vieux Monde patriarcal et dominant; comme si nous, les X, étions des citoyen·ne·s de seconde zone.

On nous tolère, nous les X étranges, les étranger·ère·s et c’est déjà bien assez, non? Vouloir plus? Non. Ce serait exagéré, voire outrageant. Pour qui nous prenons-nous, nous les X, dont les revendications et les discours, confronté·e·s à de bien trop longues inerties, inepties, n’ont d’autre choix que de se radicaliser et remettre de plus en plus haut et fort en question les fondements mêmes de l’ancestrale Civilisation? Quelle violence que la nôtre et quelle outrecuidance que de réclamer plus que les miettes qu’on nous jette, comme le pain sec qu’on jette aux mouettes!

Je ne veux pas de cette tolérance qui nous regarde de haut, ou de travers, comme si elle nous faisait la charité. Parce que si vous, eux, elles et moi avons les mêmes devoirs, vous, eux, elles et moi devons avoir les mêmes droits.

La coupe est encore loin de nos lèvres. Et pourtant… Nous avons soif, nous avons faim! En ces temps où sexisme, trans-homo-phobies et racismes de tout poil resurgissent sous le moindre prétexte, désignant d’un doigt inquisiteur et menaçant tout ce qui les dérange, je dis ici: peu importent les origines, statuts sociaux, genres et sexualités et peu m’importent les bien-pensances conformistes de ceux et celles qui brandissent leur normalité comme un étendard qui préserverait le Monde de nos déviances et de nos décadences. Je ne veux pas de cette tolérance qui nous regarde de haut, ou de travers, comme si elle nous faisait la charité. Parce que si vous, eux, elles et moi avons les mêmes devoirs, vous, eux, elles et moi devons avoir les mêmes droits. Ici et maintenant! C’est juste du bon sens et ça va de soi. Nier encore aujourd’hui, au 21e siècle, cette évidence est une offense à l’humanité et révèle un principe monomaniaque qui, cherchant à préserver ses acquis et privilèges, n’intègre à ses certitudes que ce qui les confirme et déboute avec dédain tout ce qui les contredit, les remet en cause; principe qui crée du désespoir et ne peut mener qu’à une impasse, à la violence, voire à la démence.

La regrettée Yaël Torelle, écrivaine et femme de radio, disait à ce propos dans «la Nuit de la Grenouille»: «Par sa prodigieuse fixité, la monomanie s’apparente à l’extase, dont elle pourrait bien être le substitut maladroit». Et à la maladroite monomanie, mon choix est vite fait: moi, je préfère de loin l’extase.