Queersicht
Berne
Les droits LGBTIQ+ ne sont pas acquis. Partout dans le monde, les personnes queer sont encore marginalisées, invisibilisées, attaquées, maltraitées. Le retour en arrière menace dans certains pays. Après le 11e anniversaire du festival genevois Everybody’s Perfect, son pendant alémanique Queersicht, célèbre, lui, sa 28e édition dès le 7 novembre. Lieu d’espoir et de résistance, il invite pareillement au voyage à travers la diversité, les images, la musique, les rencontres, les luttes pour les droits, la dignité, le respect de chaque être humain.
Cette année, l’accent est mis plus particulièrement sur l’intersexuation, un sujet qui reste tabou dans notre société. Il est traité dans des fictions, comme Rosalie, femme à barbe assumée de la Française Stéphanie Di Giusto qui ouvrira le bal, ou Who Am I Not, sur la crise d’identité d’une reine de beauté, de la Roumaine Tunde Skovran. Ainsi que dans des documentaires, dont Every Body, de l’Américaine Julie Cohen, où trois personnes racontent les conséquences d’opérations non consenties. Le film sera suivi d’une table ronde avec des représentant·e·x·s d’InterAction Suisse.
Un menu riche avec des œuvres venues de partout
Ces différentes œuvres font partie d’un programme riche et varié de 34 longs métrages, fictions et documentaires en provenance du monde entier. Guerre, torture, racisme, mutilations, discrimination, presque tous évoquent la violence, mais à intensité variable. On en retiendra quelques-uns, qu’on a eu, l’occasion de voir.
Eat The Night drame émouvant et intense du duo français Caroline Poggi et Jonathan Vinel, tourne autour d’un jeu vidéo. Close To You du Canadien Dominic Savage, suit Sam, qui retrouve sa famille et un amour de lycée de longues années après sa transition. Amal du Belgo-Marocain Jawad Rhalib, raconte le combat d’une enseignante engagée, qui veut soutenir une élève, dont l’homosexualité a été révélée. Marinette, de la Française Virginie Verrier, retrace l’ascension de Marinette Pichon, footballeuse queer et première Tricolore à avoir fait carrière aux États-Unis. Enfin, Les reines du drame, signé du Français Alexis Langlois, met en scène une jeune pop star qui vit une romance avec une icône punk. Un film également à voir au GIFF, à Genève, avant sa sortie à la fin du mois.
A (re)découvrir aussi: Rivière, du réalisateur franco-suisse Hugues Hariche, sorti un peu trop discrètement en Suisse romande en février dernier, notre coup de cœur (lire ci-dessous). Quant à Crossing Istanbul, du Suédois Levan Akin où une enseignante retraitée cherche sa nièce trans, nous y renviendrons bientôt, le film sortant dans les salles de Suisse romande ce mercredi.
L’autre point fort du festival, ce sont les courts métrages, une douzaine, divisés en trois blocs. Des pépites dramatiques, comiques qui, en quelques minutes, parviennent à capter et à offrir des instants forts, multiples, différents, de réalités queer. Le meilleur et le plus controversé seront récompensés par les Lunettes roses. Quatre courts métrages longs seront également présentés cette année.
Rencontres, discussions et fiesta
Queersicht est également être un lieu de rencontre pour la communauté, qui se retrouvera notamment au lounge du cinéma Rex pour des discussions et des partages d’idées après les films. Côté fête, le Stellwerk se transformera en piste de danse le samedi 9, jusqu’au bout de la nuit, avec des DJs représentant la diversité et la créativité de la culture queer.
Pour clore en musique et en beauté cette 27e édition, Queersicht, en collaboration avec Bee-Flat, présente le mercredi 13 novembre le groupe argentin rebelle Blanco Teta, mélange de punk, de beats électroniques et de textes queer. Avec un message clair: pas question de se laisser réduire au silence!
Le programme est à découvrir ici: queersicht.ch/fr/programm-fr
Rivière, notre coup de cœur
Manon (Flavie Delangle), 17 ans, passionnée de hockey, est une ado au passé difficile, qui se cherche. Après quelques années en Suisse, elle fugue et revient à Belfort dans l’espoir de retrouver un père qui l’a abandonnée quand elle était enfant. Elle intègre un groupe de garçons rebelles maniant la crosse, dont elle ne tarde pas à prendre la tête. Rêvant de devenir hockeyeuse professionnelle, elle veut renverser les stéréotypes notamment la faiblesse physique, assignés son sexe. À la patinoire, elle rencontre Karine (Sarah Bramms), une patineuse douée qui rêve elle aussi de succès et qui est très attirée par Manon.
Dans ce portrait générationnel, le réalisateur franco-suisse Hugues Hariche suit deux jeunes filles attachantes, énergiques, émouvantes, qui tombent amoureuses tout en disant ne pas aimer les femmes…. Il suit plus particulièrement l’indépendante Manon, confrontée à monde très masculin. Elle se bat farouchement pour imposer son identité sans jamais renoncer dans une discipline où elle peut laisser exploser une rage qui lui permet de maîtriser ses démons intérieurs et d’oublier des souvenirs traumatisants.
(Edmée Cuttat)
← Tous les événements aujourd'huiRelated Évènements
Culture, clubbing, communauté, cruising… cet agenda compile tout ce qui se passe autour des thématiques LGBTIQ+ en Suisse romande et un peu au-delà. Vous organisez un événement ou vous souhaitez en relayer un? N'hésitez pas à nous contacter à l'adresse agenda@360.ch ou sur nos réseaux sociaux Instagram et Facebook. Et bien sûr c'est gratuit!