Organisme musicalement modifié
Grâce à la sortie de leur premier album, le groupe lausannois Vilaine Fermière semble avoir atteint un échelon supérieur dans le paysage musical romand. Les scènes se succèdent et un parfum de campagne vient titiller les oreilles qui s’y collent.
On aurait presque de la peine à croire que ce genre de groupe puisse encore exister. Aucun plan de carrière, de la dérision déversée sans gêne, des textes longuement travaillés, concourent à rendre l’univers de Vilaine Fermière attachant. Mais à bien y réfléchir, le nom du groupe ne serait-il pas issu d’une stratégie marketing habilement menée? «Non, cela est dû au simple hasard, explique Pierre, guitariste du groupe. Nous estimons que les anti-héros sont bien plus sympathiques que les stars, nous avons donc cherché une combinaison de mots originale. Lorsque j’ai lancé Vilaine Fermière, les autres membres du groupe l’ont rapidement adopté.» Composé de quatre passionnés qui sacrifient volontiers leurs soirées ou leur week-end pour répéter dans un petit local, le collectif lausannois aime les jeux de mots subtils. S’abrégeant OGM, le titre de l’album «O gloria mundi» donne de suite le ton de l’ensemble. Sorti récemment dans les bacs, le premier produit fini vient symboliser trois années de travail depuis la fondation de Vilaine Fermière.
Et le résultat est pour le moins surprenant. Les Vilaine Fermière se définissent comme des créateurs de chansons à texte rangés dans la mouvance «nouvelle vague», mais se démarquent subtilement de la tendance actuelle incarnée par Vincent Delerm ou Mickey 3D. «Je cherche à donner de la profondeur dans mes chansons tout en les parsemant de légèreté. Je me méfie de la mode des nouveaux chanteurs à texte, avoue Nadine, chanteuse et initiatrice du projet. On ne cherche pas à s’en inspirer, on fait notre petite bout de chemin sans mettre en place la moindre stratégie.» A l’écoute, l’atmosphère entraînante couplée à des vocales rythmées parvient à créer un album survitaminé. Bouquet printanier à l’intention des amateurs de nouvelles sonorités, ce premier rejeton musical sait donner le tournis.
Le quatuor lausannois ne compte cependant pas en rester là et la scène reste cet idéal mêlant émotions fortes et intimité avec le public. «Comme un peintre souhaite exposer ses œuvres, nous essayons de tourner le plus possible en Suisse romande. Notre but est de poursuivre notre petit bout de chemin sans se poser de questions, concède Nadine. Progresser est notre objectif premier.» Les obstacles pour sortir un premier disque restent légion malgré les diverses aides existantes. Et la promotion massive apparaît de plus en plus comme la clé de voûte d’une réussite à plus large échelle. «Les médias ne nous aident pas», déplore la chanteuse. C’est maintenant chose faite.
«O gloria mundi», de Vilaine Fermière, RecRec.