Lausanne

Rave des foins

lun 21 avril, 15:00
Genève
#Théâtre

Pauvres garçons

jeu 13 mars - dim 23 mars
Genève
#sports

Natathon 2025

sam 12 avril, 15:00
Lausanne

Bordello Easter

dim 20 avril, 23:00

Pourquoi la Suisse prend du retard sur la PrEP de demain?

Pourquoi la Suisse prend du retard sur la PrEP de demain?

Après 40 ans d'épidémie et de recherche, le développement des médicaments à long effet d'action marque un tournant dans le traitement thérapeutique et préventif contre le VIH.

Depuis quatre décennies, la recherche explore diverses pistes pharmacologiques contre le VIH. La perspective de découvrir un vaccin reste encore lointaine. Le développement d’anticorps neutralisants obtient de premiers résultats mais en est encore à ses débuts. Les stratégies curatives de l’infection peuvent profiter des informations précieuses issues des quelques cas de rémissions (dont Romuald à Genève) et des connaissances sur le virus et son fonctionnement dans l’organisme. Pour autant, le développement d’un processus qui puisse être déployé à large échelle reste encore hypothétique.

Des avancés scientifiques majeures

Ces dernières années, ce sont les traitements antirétroviraux à long effet d’action (long acting) qui occupent le devant de la scène scientifique et médicale. Un traitement par injection intramusculaire tous les deux mois est déjà proposé à certaines personnes vivant avec le VIH (Cabotegravir et Rilpivirine) et est proposé en prévention (cabotegravir seul) dans de plus en plus de pays à travers le monde et tout prochainement en France voisine sur la base des recommandations officielle d’août 2024.

Mais c’est une toute nouvelle molécule qui porte aujourd’hui les plus grands espoirs. Le lenacapavir a même été nommé avancée scientifique de l’année 2024 (Breakthrough of the Year) par le magazine Science. Jusqu’à présent ce titre n’avait été attribué à la recherche contre que le VIH que deux fois: pour la découverte des premiers traitements efficace en 1996 et pour la démonstration de l’intransmissibilité du VIH grâce au traitement en 2011. Il s’agit du premier inhibiteur de la capside virale qui permet de bloquer plusieurs processus de réplication du virus. Cette particularité lui confère une très grande efficacité aussi bien pour le traitement thérapeutique que pour la prévention. Il est déjà utilisé en association avec d’autres molécules pour traiter les personnes vivant avec le VIH dont la souche de virus présente de multiples résistances.

En prévention (PrEP VIH), le Lenacapavir est administré par injection sous-cutanée (comme les vaccins) deux fois par année. Les premiers résultats des études menées en Afrique subsaharienne et en Amérique Latine sont exceptionnels: 100% d’efficacité chez les femmes cisgenres et 96% chez les hommes cisgenres et les personnes trans ayant des rapports sexuels avec des hommes. Pour rappel, la PrEP VIH par voie orale majoritairement utilisée aujourd’hui (Emtricitabine et Tenofovir) avait une démontrée une efficacité de 87% dans des études randomisées similaire et une efficacité de plus de 99% dans les études de suivi (cohorte). Les résultats des études aux USA et en Europe pour ces mêmes populations ainsi que ceux pour les personnes utilisatrices de substances par injections seront publiés d’ici 2028. Ce n’est certes pas un vaccin (curatif ou préventif) mais deux piqûres dans le bras par année cela s’en rapproche beaucoup.

Des freins au déploiement des nouveaux traitements

Avec sa très grande efficacité et ce pour l’ensemble des personnes vivant avec le VIH ou exposées à celui-ci ainsi que sa simplicité d’administration (2 injections sous-cutanée par année), le Lenacapavir pourrait être l’outil qui manquait pour atteindre l’objectif d’élimination des transmissions du VIH d’ici à 2030. Malheureusement, ni les individus, ni les systèmes de santé, ni les états individuellement ou via les organismes internationaux ne peuvent payer 10’000 CHF par injection pour l’ensemble des personnes pour qui un tel médicament pourrait être pertinent. C’est pourquoi les scientifiques, les médecins, les organismes de prévention ainsi que les communautés touchées par le VIH militent aujourd’hui pour que le Lenacapavir soit mis à disposition à un prix abordable. Des premiers accords ont été trouvés avec le fabriquant mais des pays du sud global en sont exclus y compris des pays dont la population a participé volontairement aux recherches avec la promesse de pouvoir en profiter à l’issue de celles-ci. Pour d’autres médicaments à long effet d’action et/ou d’autres mode d’administration (ex. comprimés à prendre tous les 1 à 6 mois, implant à changer tous les 1 à 5 ans…) des recherches sont toujours en cours mais à l’issue de celles-ci, si les délais d’autorisation de mise sur le marché ont été largement réduits é l’échelle nationale et internationale, la question du prix restera un frein au déploiement.

La Suisse en queue de peloton

Pour ce qui est de notre pays, ces avancées semblent toujours relevées de la « science-fiction ». Pour rappel, la Suisse a été parmi les derniers pays sinon le dernier à autorisé l’utilisation de traitement VIH en prévention (SwissMedic), à recommander la PrEP VIH (CFIST 25.01.2016) et à l’intégrer pleinement dans son programme national (OFSP – NAPS 08.10.2024), à disposer d’un médicament générique à un prix abordable pour celle-ci (TDF/FTC Mepha – 13 avril 2021) et enfin à permettre sa prise en charge (OPAS art. 12b let. i en application depuis le 1er juillet 2024) et malgré les efforts la PrEP VIH n’est aujourd’hui utilisée que par une minorité des personnes exposées qui pourraient profiter de cette protection en particulier parmi les groupes les plus précarisés (jeunes HSH, travailleur·x·euses du sexe, personnes originaires et/ou se rendant pour diverses raisons dans des pays à haute prévalence…).

Sans pression des autorités, des politiques, des organismes de prévention mais aussi des communautés et de leurs organisations représentatives, combien de temps avant que les nouveaux traitements soient autorisés, disponibles et accessibles en Suisse? Si l’on n’agit pas dès maintenant, cela pourrait prendre des années voire des dizaines d’années avant que ces outils soient largement déployés auprès des personnes qui en auraient besoin. Cela pourrait représenter des centaines de transmissions du VIH qui auraient pu être prévenues grâce aux nouveaux traitements et remettre en question la fin de l’épidémie en Suisse.

.La recherche fait sa part du travail en développant des outils de plus en plus simples et efficaces, à nous de faire la nôtre pour les rendre accessibles à toutes les personnes qui en ont besoin.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *