Berne

Xperience Swiss Fetish Weekend

ven 14 février - dim 16 février
Neuchâtel
#drag show

Dragâteloises Metal Edition

sam 1 mars, 18:30
Genève

MasqueRave

sam 1 mars, 23:00
Genève

Go Stupid Cupid

ven 14 février, 20:00

11 octobre, journée du coming out. Pour ou contre?

Le débat est ouvert!

Pour

La journée du Coming Out commémore la «Marche sur Washington» du 11 octobre 1979, lors de laquelle 250’000 gays et lesbiennes américains se sont réunis pour montrer qu’ils existaient et demander la reconnaissance légale et sociale. Elle a été reprise en Suisse alémanique il y a sept ans, puis en Suisse romande l’an dernier. Dans nos contrées, elle n’engendre pas de grand rassemblement populaire, mais plutôt des actions de sensibilisation à l’échelon local et quelques articles de presse bienvenus.

En apparence, ce ne sont pas des célébrations d’un jour lancées par les Organisations Internationales ou importées des Etats-Unis qui font avancer le schmilblick. La Gay Pride en tant que telle n’améliore pas le sort des homos au quotidien. La journée de la femme ne fait pas cesser le machisme et n’augmente pas les salaires de ces dames. Les fumeurs n’arrêtent pas de fumer à l’occasion de la journée anti-tabac, les enfants sont toujours aussi maltraités de par le monde malgré la journée consacrée à leurs droits, et les 1er décembre ornés de rubans rouges n’empêchent pas ni de nouvelles contaminations du sida ni les discriminations dont sont victimes les séropositifs. Le Coming Out Day n’est-il alors qu’un événement dénué d’impact réel, ne ralliant à sa cause qu’une poignée de militants déjà convaincus?

Non. Comme ses consœurs, la journée du Coming Out est importante et nécessaire en ce qu’elle informe et sensibilise quantité de gens, à défaut de les mobiliser véritablement. Elle constitue un appât pour la presse dont il faut savoir profiter. Comme la Gay Pride, elle est un tremplin, un alibi, hélas encore indispensable, pour que les langues se délient, pour faire couler de l’encre et amener notre réalité sur la place publique. C’est ce genre d’événements qui, additionnés les uns aux autres, peuvent engendrer des prises de conscience qui aboutissent ensuite, pour autant qu’on sache les exploiter, à des changements plus concrets.

L’homophobie ne disparaîtra pas le 11 octobre prochain, et ceux qui sont dans le placard n’en sortiront pas pour l’occasion. Mais la journée du Coming Out vient symboliquement appuyer une démarche, elle rappelle que dans le placard, il fait sombre et il fait froid. C’est un prétexte comme un autre pour accéder collectivement à une visibilité médiatique et politique, capitale pour notre reconnaissance au sein de la société et des institutions. Cette célébration éphémère souligne, mais ne remplace en aucun cas, la nécessité d’un réel travail de fond, qui doit se faire individuellement dans les familles, à l’école et au travail, et ce tous les jours de l’année.

Stéphane Riethauser
Coordinateur Commission Jeunesse et Ecole, Pink Cross

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Contre

Petit à petit notre calendrier s’est garni de «journée de…», remplaçant insensiblement les saints de l’éphéméride. Coincé quelque part entre la journée de la femme, la journée du chien et la journée du cancer du gros orteil droit, la journée du Coming Out vient donc naturellement d’apparaître.
Nous avions déjà la pride – à diverses dates selon le pays ou la région de résidence – et la journée mondiale contre le sida. Le parallèle avec le calendrier des saints, décliné de façon régionale aussi, est donc pertinent. Ce qui revient à en faire des sortes de célébrations creuses, trois belles paroles à la fin du Téléjournal et un événement tout juste capable d’intéresser les membres de la chapelle concernée.

«Les journées de…» font généreusement appel à la commisération du péquin de base qui se sent tout à fait dédouané de traiter sa femme comme un chien et de battre ce dernier parce que, pour l’occas’, il a fait la vaisselle et sorti Médor. Pour autant, ça ne bouleversera pas son quotidien, il croit avoir obtenu son indulgence jusqu’à l’année prochaine. Imaginons que l’un des enfants de notre péquin, sa fille aînée par exemple, soit homosexuelle. Qu’est-ce qu’une journée du Coming Out apportera concrètement à cette famille? Un espace de parole inutilisé, car ce n’est pas avec une action annuelle, si bruyante et voyante puisse-t-elle être, que l’acceptation se fera. Dans une problématique aussi sensible, seul un vrai travail de fond, dans les écoles notamment, permettra une véritable avancée.

Soit, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, mais une journée du Coming Out est de trop ou ne suffit pas! Les homophobes tempérés y verront une nouvelle démonstration entourée de mauvais goût et la grande masse de tolérants nous regardera passer la journée dans son coin, considérant que les affaires de fesses, lorsqu’elles ne sont pas hétérosexuellement normatives, ne se discutent qu’à partir de la majorité.

La sortie du placard est avant tout une affaire d’adolescents vivant leur mal-être loin des discours idéologiques. Plutôt qu’une «journée de …» de plus, il vaudrait mieux une action concrète auprès des milieux éducatifs pour rompre l’omerta entourant le «petit défaut», selon l’expression mignarde du XVIIIe siècle. Peut-être alors cessera-t-on de censurer la vie des gens de lettres et des décideurs politiques dans les manuels d’histoire et de littérature!

Frédéric Valotton