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Du plaisir de la femme

Anita Wildermuth voulait travailler à la télé, mais la vie en a décidé autrement. A Rapperswil, elle tient aujourd’hui le seul sex shop suisse pensé pour les femmes.

Forum de Fribourg un 24 janvier. Pour la première fois, le salon Erotica, né en Allemagne et déjà connu des Suisses allemands, fait escale en Suisse romande. Malgré le battage que cette première suscite, rien d’exceptionnel à première vue. Les stands, à vrai dire peu nombreux, se succèdent comme autant de versions digest de sex shops traditionnels. Sauf que. Quelques mètres carrés retiennent l’attention. Là, exposés sur un tapis en velours semblant nés de l’imagination d’un artiste à la solde de Giger, des vibromasseurs et des godemichés font de l’œil à la femme en goguette. Des couleurs franches et ludiques, des formes inattendues et esthétiques, des matériaux confortables et sûrs, les objets que propose la boutique Femintim, basée à Rapperswil depuis mai 1996, ne laissent pas la femme indifférente. Bien joué, c’était justement le vœu de sa propriétaire, Anita Wildermuth, qui revendique le droit à la femme d’être bien dans son corps et qui, pour cela, doit d’abord apprendre à le connaître. Eternelle optimiste et farouche indépendante, Anita n’est avare ni en temps, ni en explications données dans un parfait français. Sur le stand même, elle préconise de tester directement le vibromasseur en direction du clitoris par-dessus le pantalon, affirmant que ce n’est pas en le faisant vibrer dans la main qu’on en conclura l’effet! Une discussion s’impose. Rendez-vous sera pris pour une conversation téléphonique quelques jours plus tard.

Anita Wildermuth, comment ouvre-t-on en Suisse le premier (et le seul!) magasin sur le sexe pour femmes?
C’est un peu le hasard. Vous savez, je voulais travailler pour la télévision. J’ai grandi dans un village à côté de Rapperswil qui pour moi a longtemps été la plus grande ville que je connaissais. Après des études de commerce dans la Vallée de Joux, où j’ai appris le français, j’ai suivi une équipe d’Allemands qui travaillaient pour une TV à Munich. Là, j’ai commencé un stage. Je faisais de la rédaction, de l’administration, des tournages en montagne. J’ai même réalisé deux films! Et je suis revenue en Suisse. Mais je n’arrivais pas à trouver du travail, et un ami m’a alors envoyé un article sur un sex shop pour femme en Allemagne. Je me suis dit: ok, si je n’arrive pas à travailler pour la TV, je monte ça. En 1995, je n’avais toujours rien.

Alors, vous av…
J’ai décidé de foncer. Je voulais ouvrir une boutique à Zurich, mais j’avais choisi certains quartiers et pas d’autres, et ceux que je visais soit n’avaient pas d’arcades de libre, soit elles étaient trop chères, soit c’est le propriétaire qui refusait d’entendre parler d’un tel projet. Mais pour moi, c’était Zurich! Jusqu’au jour où j’ai appris qu’un couple, à qui j’en avais parlé, avait lancé le même projet sur Internet. Là, je me suis dit, c’est maintenant et n’importe où. Et j’ai trouvé un local à Rapperswil.

C’est réservé aux femmes, et les hommes sont les bienvenus deux jours par semaine?
Oui. C’est important pour les femmes. Beaucoup sont gênées de faire leurs courses à côté des hommes. Je veux qu’elles soient tranquilles, qu’elles puissent prendre leurs décisions elles-mêmes. Vous savez, la femme a mis du temps avant d’ouvrir son esprit au plaisir, même à en parler.

Le fait d’avoir des produits dits de luxe peut-il aider?
Vous savez, si une femme a des problèmes avec son corps, le luxe ne peut rien faire. Je veux d’abord qu’elle apprenne à s’ouvrir, qu’elle réfléchisse et soit honnête avec elle-même. Quant au produit, il doit couvrir l’utilité qu’on en fait. Et je veux montrer que c’est possible de se connaître à l’intérieur. Il y a autre chose que le clitoris! Tout passe par les produits, si je n’aime pas, je ne peux pas vendre. Je teste ou je fais tester avant de mettre en vente. Moi je viens de l’industrie, pas du milieu sexe. Je déteste ces godemichés au matériau qui gratte, qui pue. Je sais ce que je veux. Par exemple, une femme m’a dessiné un godemiché parfait en silicone, parce qu’elle connaît le corps de la femme. Et j’ai un vibro en métal conçu par un ingénieur issu de la technique médicale. Du pur luxe!

La clientèle a-t-elle augmenté avec la vente par Internet?
Bien sûr. Ca fait trois ans et c’est un travail énorme. J’arrive enfin à faire du chiffre. Mais les clients viennent beaucoup sur place. De Suisse romande, de Belgique, de France, des Grisons. Ils restent une nuit sur place et profitent pour visiter. S’il n’y avait que Rapperswil, je serais morte de faim depuis longtemps!

Et la Suisse romande?
J’y pense de plus en plus, mais je dois vraiment y réfléchir. Pendant sept ans ça a été très dur, alors tout refaire ailleurs… En plus il faudrait quelqu’un en qui je puisse avoir totale confiance, car c’est vraiment à moi. Je ne sais pas, peut-être avec de super propositions!

Femintim
Magasin: Gutenbergstrasse 14, 8640 Rapperswil – tél: 055 210 6656 – ouvert du mercredi au samedi (jeudi et vendredi uniquement pour femmes)