Genève

36 gr.

ven 26 avril, 23:00
Lausanne

Grande rencontre des parentalités queers

sam 27 avril - dim 28 avril
Genève
#Musique

Gaye Su Akyol

sam 18 mai, 20:30
Lausanne
#Danse

Le cerveau mou de l’existence

mar 16 avril - dim 21 avril

La galère des ados: Témoignages

Paroles de jeunes...

«Je n’en pouvais plus de tricher»

Cédric, 16 ans
«Ça s’est plutôt bien passé avec mes parents, même si on a beaucoup pleuré ce jour-là. Même mon père s’est mis à chialer quand j’ai dit que je préférais les garçons aux filles. Faut dire que j’ai balancé tout le paquet-cadeau d’un coup: on s’engueulait sur une connerie de vaisselle pas lavée, je crois, et tout d’un coup, j’ai monté les tours et c’est sorti tout seul, comme une grosse diarrhée! Mais il fallait que ça sorte, j’en pouvais plus de tricher alors que je n’ai jamais eu aucune attirance pour les filles: ça faisait des mois qu’ils me posaient des questions connes, du style: “Quand est-ce que tu nous présentes ta fiancée?” J’en avais vraiment marre!

C’est grâce à ma sœur que j’ai eu le courage de faire le pas. On a beaucoup parlé ensemble, elle sentait nos parents assez réceptifs; elle a tâté le terrain et m’a dit que je me sentirais mieux après l’avoir dit. C’est vrai, c’est juste génial de pouvoir parler de tout ça avec eux maintenant, on se marre bien. Des fois, pendant les repas de famille avec les grands parents, mon père raconte une blague crypto-pédé et me fait un clin d’oeil complice! A l’école, en revanche, c’est pas tous les jours facile de se faire traiter de pédale, mais ça m’a permis de savoir qui sont mes vrais potes, et les autres, je les encule!»

«Mon modèle, c’est Ellen»

Aline, 19 ans
«Pour moi, du moins pour ce que je m’en souviens, mes premières révélations, je les ai trouvées dans un conte: je sentais bien que j’avais plus de sentiments pour la princesse que pour le prince charmant. Ensuite, scénario classique: je suis tombée amoureuse d’une fille à 14 ans, j’ai vécu une expérience avec une hétéro vers l’âge de 16, puis fait mon coming out à 18, il y a un an. Pour moi, tout s’est très bien passé. Il faut dire que ma mère est vraiment très cool. Je ne m’identifie pas aux femmes très masculines. Je me sens plus proche de l’image que dégage Ellen De Generes, drôle, féminine, bien dans sa peau. Pour moi, ça a été un vrai modèle! Beaucoup de jeunes filles mon âge ne se reconnaissent pas dans le militantisme très engagé pur et dur. Plutôt que féministe, je préfère dire que je suis pour l’égalité. Et je crois que je ne suis pas la seule. Notre génération, celle du PACS, recherche avant tout la normalisation, l’intégration.»

«Comment rencontrer quelqu’un, quand t’as 13 ans?»

Nicolas, 17 ans
«J’ai fait mon coming out vers 14 ans. Vers 13 ans, j’ai eu mes premières expériences avec des copains de classe, ça m’a plu et il a fallu encore un an avant que je tombe raide dingue d’un mec de mon âge. J’avais l’impression que c’était sérieux, je l’ai donc présenté à ma mère comme “mon petit copain”. C’était pas grand-chose, mais ça voulait tout dire et ma mère a progressivement réalisé que j’étais différent, que ce n’était pas juste “un passage”. Comme elle est institutrice, elle a l’habitude de travailler avec les mômes et ça s’est vraiment passé de façon très cool. A l’école par contre, on se traitait tous d’enculés, j’ai donc préféré ne rien dire et j’ai bien fait: un de mes potes l’avait annoncé à ses copains, et il s’est fait tabasser ensuite par une bande de cons qui l’attendaient à la sortie. Le côté chiant, quand tu découvres que tu aimes les mecs à 13 ans, c’est que tu n’as aucun endroit pour sortir et rencontrer des garçons de ton âge. Les boîtes et les bars sont interdits aux moins de 18 ans, et dans les parcs personne ne t’aborde par crainte du détournement de mineur, à part les vieux cochons. C’est vraiment la galère pour rencontrer d’autres mecs comme toi. Mon père, qui était déjà séparé de ma mère à l’époque, ne l’a appris que plus tard, par le bouche à oreille familial. On ne se voyait déjà pas beaucoup, mais je crois que c’est pour ça qu’on ne se voit plus du tout maintenant. Quand au copain de ma mère, il était carrément homophobe; c’est pour ça que j’ai quitté la maison à l’âge de 16 ans. En plus, ma mère avait averti mes frères de onze et treize ans que j’étais “homo”, car elle ne voulait pas d’insultes à la maison. Ça a eu tout l’effet contraire et l’atmosphère est vite devenue irrespirable. J’ai préféré m’enfuir pour vivre ma vie ailleurs.»