La vaccination contre le HPV, pas que pour les ados!
En Suisse, la vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) fait l'objet d'une campagne auprès des jeunes pour prévenir certains cancers. La prévention institutionnelle est quasi inexistante pour les hommes gay et bi. Ils sont pourtant particulièrement touchés.
Plus connus pour leur impact sur les cancers du col de l’utérus, les HPV constituent une grande famille de virus, dont certains peuvent être la source d’autres cancers plus rares, comme ceux de l’anus, du pénis, ou encore des voies aériennes. Ils peuvent également produire l’apparition de condylomes, sortes de verrues génitales ou anales. Bien que sans gravité, ces dernières peuvent affecter la vie sexuelle et nécessiter une intervention chirurgicale.
La politique de santé de la Confédération ne prévoit la prise en charge de la vaccination que jusqu’à 26 ans et ne communique sur aucune stratégie de prévention en dehors de ce cadre. Il existe pourtant de nombreuses données épidémiologiques étayant le fait que le sexe anal entre hommes et l’immunodépression sont des facteurs de risques. Le risque de cancer anal, notamment, serait 37 fois plus élevé chez les HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes) que dans la population générale, d’après une étude belge de 2018. Cela justifierait leur vaccination générale à tout âge. «La multiplication des partenaires associée à la prévalence d’autres IST favorise la persistance de l’infection», justifie le Dr Rafael Blanc, du centre de santé sexuelle Checkpoint Genève. En consultation, la recommandation du médecin est sans équivoque: les HSH sexuellement actifs devraient opter pour un schéma vaccinal de trois doses au-delà de l’âge fixé par l’OFSP. Idéalement, cet acte de prévention devrait être complété par des consultations régulières chez un proctologue.
Prévention à financer soi-même
Les politiques internationales sont hétérogènes sur cette question, avec une priorité souvent donnée, comme en Suisse, à la vaccination des adolescents. Cependant, aux États-Unis, la population gay et bi peut se faire vacciner jusqu’à 45 ans. Au Royaume-Uni, il s’agit même d’une vaccination standard proposée de manière anonyme et gratuite par le système public de santé NHS. En Australie et en Nouvelle-Zélande, il n’y a plus d’âge maximum. En Suisse, par contre, après 26 ans, il revient au patient de financer sa prévention. Une fois prescrit, le vaccin s’achète pour un montant approximatif de 300 francs par dose dans nos officines, soit 900 francs au total. En se le procurant en France, c’est moitié moins cher.
Les HSH suisses semblent payer le fait que la prévention ait été focalisée sur les femmes et le cancer de l’utérus. Ainsi, aux yeux des autorités sanitaires, le HPV chez les gays n’est pas une question de vie ou de mort. Du côté des institutions de santé communautaire comme Checkpoint, qui travaillent sous mandat de l’État, difficile de sortir de ce statu quo très hétéronormé. «C’est le dogme du tout-préservatif et la méconnaissance de la sexualité entre hommes», résume le Dr Blanc.