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Greta salue le Monde

LACRIMAE VIRGINIS: Berceuse pour un ange déçu

La présence de certains anges parfois nous dérange et quand, d’un seul battement de leurs ailes, ils nous effleurent, notre peau garde en mémoire bien plus qu’une subtile caresse de plume. Loin des fresques plafonnières et des petits joufflus utilitaires (qui tiennent délicatement les voiles des vierges et déversent des pétales de fleurs sur tous les saints qui leur passent sous la main), ils se font séraphins quand notre monde de glace et d’indifférence les blesse et le vent de leur passage nous brûle alors même qu’ils se consument, eux qui nous viennent de si loin. De trop loin peut-être? D’un endroit où l’on se regarde et où on prend le temps de se voir autrement: de bien trop loin, décidément!

En eux, sous un apparent mépris, couvent les feux de la colère, de la révolte et du désarroi; un brasier qui les dévore et se crie en mots, se déchire en insultes et en provocations. Ils crachent avec véhémence ce que personne ne veut ou n’ose entendre, exhibent des plaies sanguinolentes, souffrent et font souffrir, s’exhibent et s’exilent, se singularisent jusqu’à l’outrance. Et puisque le Monde fait semblant de les ignorer, ils s’imposent dans une image exagérée, juste pour avoir une bonne raison d’être à jamais mis à l’écart, rejetés. Maladroits jusqu’au dérisoire, ils se donnent en spectacle dans de mornes débats où on ne les invite que pour faire tache, en n’usant de leurs propos que l’insoutenable pour regarder ailleurs, le temps d’une pause publicitaire, pendant qu’ils marchent seuls sur le chemin de leur propre mort.

Leur cri reste muet mais leur orgueil vous fascine, gentils humains, quand sous vos doigts glissent en autofiction les pages de leurs petites histoires et de leurs frasques scandaleuses, qui devraient vous faire pleurer si vous n’aviez pas autant besoin de frissonner sur l’air de cette danse caricaturale et macabre, sans grand intérêt, qui excite la part la moins glorieuse de votre humanité… La même exactement qui se repaît du sang de l’actualité et du vide de la téléréalité.

La violence n’est pas que dans leurs dires (pour qui entre leurs lignes a pris le temps de les lire) et cette petite notoriété épicée de soufre ne peut les satisfaire, eux qui dans la chair ont trop de nostalgie pour leur originelle sphère. Alors, sans avoir jamais su nous parler ni nous atteindre, sans explication, dans un dernier excès ils nous quittent et repartent et nous échappent et ne nous laissent qu’un goût sombre et amer tout au fond de la gorge. Dire qu’il aurait peut-être suffi de plonger un instant au fond de leur regard d’enfant…

J’aurais aimé, Guillaume, avoir un peu plus de temps pour te prendre dans mes bras et te bercer dans la ronde de mes fées. Un doux baiser de vierge sur ton front et dors en paix, ange étrange. Que la mort te soit plus douce que la vie.

En hommage à Guillaume Dustan, mort récemment.