Vous êtes à l’écoute de radio-cauchemar…
Parmi les premières radios à avoir opté pour la diffusion sur le net, celles de la droite dure, voire extrémiste. Si leurs émissions sont révélatrices de leurs idéologies et obsessions, la parano qui y règne, mêlée de complaisance crasse et d’amateurisme échevelé, s’avèrent aussi distrayants qu’un tour de train-fantôme.
France
Radio Courtoisie: Vieille France, vraies valeurs
La voix suave nous le rappelle: «Vous êtes sur la radio libre du pays réel et de la francophonie.» Rien de tel pour s’en rendre compte que le «Libre journal», émission multidiffusée au cours de la journée. Un show désordonné et truffé de temps morts qui s’apparente par moment à une causerie dans un EMS. On y entend surtout les animateurs ravaler leur salive, respirer bruyamment ou bâiller dans les micros entre deux pauses de musique militaire. Ce soir les vétérans d’Algérie («C’est la France qui a civilisé l’Algérie!»), demain les jeunes cathos fondamentalistes, les monarchistes ou Philippe de Villiers. Le tout sous la haut patronage d’académiciens somnolents («Jean Dutourd, vous nous entendez? Jean Dutourd?…»)
Israël
Aroutz 7… ben mon colon!
Autrefois radio-pirate (installée sur un raffiot dérivant au large de Tel Aviv), Arutz 7 diffuse désormais du cœur de Beit-El, riante localité juive sur les hauts de Ramallah. Emettant en hébreu, français et anglais, c’est dans cette dernière langue que l’on peut entendre les programmes les plus relevés, incendiant tour à tour les «terroristes» (tout Arabe, et a fortiori tout Palestinien), les «antisémites» (les Européens en général), les «traîtres» (le Likoud) ou les «lâches» (les Américains). Pour les adeptes du troisième Temple (qui doit bientôt remplacer la Mosquée Al-Aqsa), recommandons «Temple Talk» qui se penche ce soir sur la repentance, thème porteur s’il en est, sur fond de musique country: «Alors, Yitschak qu’est-ce que tu as fait ce week-end? – Oh, Haïm, je déversais tout mon cœur devant le Créateur!»
Etats-Unis
Genesis Communication Network: Paranorama
C’est de la banlieue sud de Minneapolis qu’émet une équipe de furibards sortis des ligues d’autodéfense qui s’interviewent mutuellement en proférant des «Wow!» d’étonnement factice. Ni gauche, ni droite, GCN est simplement antisémite, anti-Bush, anti-homo et surtout anti-Etat. Avec, bien sûr, le conspirationnisme de rigueur, qui se glisse jusque dans la pub («Votre shampooing peut vous tuer!», «Nukalert, porte-clés anti-radiations»…)
