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Là où le droit sous-tend le crime

Hans Markus Herren, actif au sein de Queeramnesty, groupe LGTB d’Amnesty International Suisse s’exprime sur la situation des minorités sexuelles dans le monde et les activités des groupes de droits de l’homme en Suisse.

Lorsque l’Etat condamne les relations homosexuelles et que l’homophobie s’érige en lois répressives, les homosexuels – ne parlons même pas du sort réservé aux personnes transgenres, dont l’absence inique de statut juridique ouvre la voie à toutes les exactions – s’exposent à des peines de prison, voire à la peine capitale. Par ailleurs, de nombreux régimes condamnent dans le même élan les défenseurs des minorités sexuelles et forcent ces derniers à vivre dans la peur et le danger. Ces activistes autochtones s’organisent en réseaux plus ou moins visibles, soutenus en occident par des ONG qui, elles, luttent au niveau international. Hans Markus Herren, actif au sein de Queeramnesty, groupe LGBT d’Amnesty International Suisse, s’exprime sur la situation des minorités sexuelles dans le monde et les activités des groupes de droits de l’homme en Suisse.

Que peut-on faire en Suisse pour les droits des gays et lesbiennes dans le monde?
Premièrement, il s’agit de rendre public ce sujet. Cela passe tout
d’abord par des informations sérieuses, donc avérées, sur les violations des droits de l’homme dans le monde. C’est une partie très importante du travail d’Amnesty International (AI). La section suisse s’appuie sur ces cas référencés et documentés pour thématiser les droits de l’homme des minorités sexuelles et pour stimuler une prise de conscience collective. Il y a bien sûr d’autres organisations qui œuvrent dans ce sens mais, dans notre branche spécifique, il n’y en a pas beaucoup en Suisse. A Genève, 360 est très active. Et nous collaborons ponctuellement avec Pink Cross et LOS qui veulent davantage s’engager dans la défense des droits de l’homme, maintenant que le partenariat est une chose acquise.

Quelle est la position des autorités suisses face à l’exigence d’une protection au niveau mondial des minorités sexuelles?
Nous avons la chance d’avoir, en la personne de Micheline Calmy-Rey, un ministre des affaires étrangères très ouvert à nos demandes et qui n’as pas peur de prononcer le mot «homosexuel». Ainsi, par exemple, des observateurs suisses étaient présents en Egypte aux procès de l’affaire «Queen Boat», ce qui était sans doute utile. L’International lesbian and gay association (ILGA) prépare une grande conférence qui aura lieu en avril 2006 à Genève. Là encore, le DFAE a annoncé son soutien. Cette conférence a pour but de faire pression sur la Commission des droits de l’homme qui tiendra sa session en même temps à l’ONU. Cette dernière doit enfin reconnaître la nécessité de la protection des minorités sexuelles. La résolution brésilienne (voir encadré) a été un premier pas, mais rien n’a encore été accepté par la majorité des Etats. Mais le fait de mentionner la persécution des minorités sexuelles est déjà d’une grande portée.

Que peut-on concrètement attendre du battage médiatique?
Prenons l’exemple de l’affaire du «Queen Boat». Des mouvements LGBT et des organisations de droits de l’homme l’ont rendue publique, en ont souligné l’injustice, et l’ont rendue visible. Les gouvernements européens se sont vus obligés d’agir et de signifier leur désapprobation. Grâce au soutien international, une partie des accusés a finalement été libérée. Sans le travail des organisations, rien n’aurait été possible.

Ne craignez-vous pas que ces manifestations soient finalement favorables aux adversaires des droits de l’homme?
Il est clair que la stratégie du «shaming» est à double tranchant. En Egypte, elle a marché. En même temps, elle donne du grain à moudre aux fondamentalistes qui vitupèrent la «décadence occidentale». Les législations occidentales considérées comme laxistes par rapport aux droits des homosexuels leur permet, en toute simplicité, d’ériger l’homosexualité en expression de cette décadence.

Les droits de l’homme sont souvent considérés comme une invention occidentale. On affirme qu’ils ne seraient pas compatibles avec d’autres cultures…
Cela devient un problème si les droits de l’homme sont instrumentalisés par les puissances occidentales. Ainsi, dans un cas, on mettra l’accent sur les droits de l’homme alors que dans un autre cas, ce chapitre sera considéré comme secondaire parce que d’autres intérêts, souvent économiques, prédomineront. L’Europe et l’Amérique du nord sont le théâtre de violations de ces droits sur leur territoires, ce qui nuit à leur crédibilité. Les droits de l’homme valent pour tous et partout, sans exception.

L’homosexualité est vécue de manière différente selon les cultures.
L’homosexualité existe partout dans le monde! Les droits de l’homme sont une protection qui n’impose aucune manière de vivre sa sexualité. L’expérience de l’orientation et de l’identité sexuelles n’est pas identique dans toutes les cultures. Il est important de souligner cette diversité.

Les pays islamiques sont-ils le principal bastion de l’homophobie?
On diabolise l’islam d’un côté et on l’instrumentalise de l’autre. Des musulmans parlent en son nom pour servir leurs basses œuvres, comme des occidentaux expriment leur islamophobie latente. Et la communauté LGBT n’y échappe pas. Il faut percevoir les raisons du déni des droits de l’homme en terres islamiques à travers leurs traditions sociales et non à travers la religion. Beaucoup de ces pays traversent une lutte culturelle, dans laquelle les conservateurs usent de la persécution contre les homos comme d’une arme. Opposer homosexualité et islam ne correspond pas à la réalité, au regard de l’histoire de ces pays et de leur production artistique. D’ailleurs, les premières publications LGBT arabophones sont en plein essor.

80 Etats homophobes
Les informations manquent pour cartographier avec justesse l’homophobie dans le monde. On peut pourtant apprécier l’homophobie étatique quand elle est gravée dans le marbre. En découle une image inquiétante: L’homosexualité est illégale dans 80 Etats. Elle est sanctionnée par la peine capitale en Iran, en Arabie Saoudite, en Mauritanie, au Soudan, au Pakistan, dans les Emirats Arabes Unis, au Yémen et dans les provinces septentrionales de Nigeria. Même lorsque l’homosexualité est légale, rien ne garantit qu’elle ne fasse pas l’objet de persécutions. Par exemple, l’Equateur assure dans sa constitution une protection aux minorités sexuelles. Néanmoins, des transsexuelles y sont réglièrement agressées par la police.
A l’exception de l’Afrique du Sud, la situation est particulièrement délicate sur le continent le plus pauvre du monde. Dans des pays comme la Namibie, l’Ouganda, la Zambie, le Kenya ou le Zimbabwe, une rhétorique chrétienne-fondamentaliste diabolise l’homosexualité, se mélange à des propos anticolonialistes, qui affirment que l’homosexualité n’existe pas dans la culture africaine et qu’elle a été importée par les colons. Homophobie et xénophobie s’allient donc. Il est néanmoins intéressant de noter que les lois homophobes sont un héritage de la colonisation britannique. P.B.
Lien en Afrique : www.mask.org.za
Lien au Liban : www.helem.net