Qui n’a pas sa yéyémobile?
Des filles et des garçons fermement accrochés au guidon de leur vespa, le menton volontaire et les cheveux au vent, pétaradant sur fond de rock’n roll.
Nul autre objet que cette pétrolette à deux roues et au design émancipé n’a mieux incarné l’esprit d’après-guerre, cette génération avide d’une liberté et d’une insouciance retrouvées. En 2005, à une époque où les cycles économiques semblent s’étirer sans fin dans la morosité, le bon peuple se raccroche aux symboles qu’il peut. Alors qu’elle se bradait à bas prix dans les (encore insouciantes) années 80, voilà que la vespa, depuis quelques années, est redevenue objet nostalgique, machine à remonter le temps et à illusion de s’y promener dans de meilleurs. Pas étonnant dès lors que la moto des yéyés ait ses cultes et ses messes. Rien qu’en Suisse, on compte plus d’une vingtaine de clubs de fans de vespa, dont celui de Genève qui organisait en mai dernier dans sa ville un grand raout international. Si les puristes roulent en vraie vieille vespa des années 50, les constructeurs ne manquent pas de ressortir des modèles aux courbes d’époque pour satisfaire la demande vintage. Alors cet été bien sûr, on enfourche l’engin pour partir en pique-nique, avec transistor et nappe à carreaux vichy C.M. [Photos: Pierre Abensur]