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Foot paillettes

Le football suisse est en crise, les équipes romandes sombrent, les stades sont toujours plus gros mais toujours plus vides… Et si l’avenir du ballon rond était plus dans le fun que dans le fric? Comme à Zurich où le foot se fait alternatif.

Complexe sportif du Hardhof, situé aux abords de la City. Les pelouses sont envahies par des dizaines et dizaines de joueurs et joueuses de foot. Ça court, ça se démène, ça se tape dans la balle. Entre effluves de transpiration, crème chauffante et saucisses, ça sent le tournoi populaire. Mais en ce dimanche ensoleillé, ce qui se dispute est plus qu’une simple manifestation footballistique. Aujourd’hui, on joue un tour de la Ligue alternative de football de Zurich.
La ligue alternative? Il s’agit d’une ligue autonome qui se fiche des dogmes de la FIFA ou de l’ASF et qui joue selon ses propres règles. Une organisation née des cerveaux de quelques anarcho-gauchistes zurichois au milieu des années 70. La Ligue s’appelait alors «progressiste» et représentait l’antithèse du foot officiel. Les équipes avaient pour nom FC Bakunin ou FC Oeconomiestudenten, on jouait sans arbitre; femmes, enfants et hommes se mélangeaient au sein d’une même équipe, et le mot d’ordre n’était pas compétition mais plaisir…
Aujourd’hui, on joue garçons et filles séparés. Et sur les maillots des équipes, la bobine de Marx a cédé la place aux noms des bars et cinémas branchés de Zurich. Mais la philosophie est restée la même (politique en moins). La Ligue rassemble toutes celles et ceux qui en ont marre du foot ordinaire. «Nos membres sont fatigués des entraînements super sérieux ou de la violence des petites ligues», explique Mämä Sykora, président de la Ligue. Et les lassés du système «gros sous, grands stades et caisses vides» sont nombreux. Rien qu’à Zurich, on compte 46 équipes, réparties en trois ligues (hommes, femmes, vétérans hommes), qui s’affrontent chaque dimanche ensoleillé (on ne joue pas sous la pluie, ce n’est pas drôle) des mois de mai et juin en vue de se qualifier pour la Coupe, qui se dispute en septembre. «On nous traite de joueurs de troisième mi-temps. C’est vrai. On vient ici pour voir des amis», souligne fièrement Mämä.

Originaux à tout prix
Une image qui lui sied d’autant plus qu’elle est franchement «in». Foot de potes, la Ligue est aussi un foot paillettes où il est de bon ton de montrer que si l’on se dispute la balle, on le fait avec classe. C’est à l’équipe qui aura le nom le plus original (elle Real, Ex Hürlimann, Maradonna, etc.), le logo le plus joli et les maillots les plus beaux. Même le textile est un enjeu. Tandis que certains adoptent les matières synthétiques de pointe, d’autres ne jurent que par le bon vieux coton et les coupes seventies. «C’est une question de philosophie,» lance Mämä, lui-même si fier du nouveau maillot de son équipe Dynamo Röntgen. La Ligue s’est même déjà offert deux cahiers à la Panini, comme les stars des équipes nationales lors de la Coupe du Monde. Un succès à faire pâlir de jalousie tout président de club en mal de public. Un succès qui enfle puisque, à l’exemple de Zurich (qui compte une liste d’attente longue comme un jour sans pain), Berne, Bâle et Schaffhouse organisent aujourd’hui leurs propres ligues alternatives. Le premier championnat européen a même été mis sur pied en 2004.
Pour déguster beaux mollets et belles saucisses: à la gare de Zurich, prendre le tram no 4 (direction Werdhölzli), arrêt Hardhof.