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Tour de table: Johnny S’met à table

Grand consommateur de femmes et boulimique de records, Jean-Philippe Smet dévoile aujourd'hui les secrets du hot dog façon Johnny.

Lorsqu’on a (faussement) été déclaré mort, que l’on a épousé deux fois la même femme-enfant, fait une syncope sur scène, survécu aux Guignols et reçu la Légion d’honneur, tout Johnny que l’on est, on risque de s’ennuyer et de chercher comment encore innover.

Depuis plus de trente cinq ans que Johnny est au zénith et ailleurs, il était légitime d’imaginer qu’il avait tout révélé depuis des lustres. Mais 1998 a réussi à être «littérairement» prolifique. Deux ouvrages font étalage d’aspects non encore exploités de sa célèbre intimité. La p’tite Boudou a commis «Mes îles, mes rêves», le périple imagé de leur croisière sabbatique sur le Only you (pendant combien de temps…) tandis que la bien nommée Jacqueline Benoît(e) compilait les recettes amoureusement concoctées pendant les six années où elle a trôné dans la cuisine super-équipée de la vedette. Pensez donc: deux frigos, dont un réservé aux seules sauces à sandwiches, vingt trois sortes de vinaigres, un bar et une télévision. La Jacqueline, chez Johnny, elle a d’ailleurs tout appris. Comment répondre au téléphone, préparer la «moussaka de la maman de Sylvie Vartan», les pâtes façon Nathalie Baye, le jus de légumes façon Johnny et même comment créer une intimité sur base de fringales (la pizza «Johnny-Jacqueline»). Comme certificat de travail, l’ex-fleuriste sexagénaire promue cuisinière de star peut exhiber un tatouage sur l’avant-bras, une préface à Nathalie bailler d’ennui et un post-it manuscrit de l’idole, collé en couverture de son livre «Johnny, toute la cuisine qu’il aime». Quand même.

Plongeon culinaire dans des entrailles de feu pour apprendre que Johnny aime les cuisines thaïlandaise, mexicaine et américaine ainsi que toutes sortes de sandwiches, mais agrémentés d’un piment et au pain de mie japonais exclusivement. Pas très sucre, ni très goinfre, il collectionne par contre toutes les sauces, les moutardes et les mayos vivant à la colle avec son cholestérol. Pas étonnant que pour retrouver ligne et forme, il ait besoin à la fois d’un entraîneur surnommé «le bouledogue» et d’une préparatrice experte es draconiennes cures de jus de citron. A cinquante cinq ans sans broncher, Yoyo Halliday perd encore allègrement ses poignées.

Ses femmes, toujours plus jeunes, ou peut-être ses fans, pourtant vieillissants, ne l’incitent pas vraiment au laisser-aller. Les premières expliqueraient-elles son goût prononcé pour la soi-disant virilisante cuisine extra épicée (spaghetti à l’ail et au piment, guacamole «très épicé»)? En sachant qu’Eddy Barclay (une petite dizaine de femmes à ce jour) fait partie de la clique élargie de Johnny, on tient là éventuellement une explication.

Serait-il possible que le macho Johnny, bête de scène &endash; et de sexe? &endash; doive engloutir des kilos d’épices corsées pour doper sa mécanique? L’année cinématographique 1999 nous le révélera en effet peut-être doté d’une (toute petite) touche d’humanité. L’été dernier, pour les besoins du film «Pourquoi pas moi?», il a incarné un toréador vieillissant, obligé un jour d’apprendre que sa fille est lesbienne. Alors après une année à buller en amoureux et un livre de recettes racoleur, Johnny l’acteur, dans le rôle du macho déstabilisé, réussira-t-il à nous étonner dans un film que l’on promet de regarder avec objectivité?

Jacqueline Benoît, «Johnny, toute la cuisine qu’il aime», Editions no 1, 1998.