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Du rififi dans les milieux de la prévention sida

Les organismes chargés de la prévention vivent une crise sans précédent: problèmes budgétaires, divergences sur les orientations stratégiques, démission du directeur de l’Aide suisse contre le sida… Plutôt inquiétant à l’heure où la prévention ne devrait relâcher ses efforts.

Faire plus avec moins. Le credo devient une ritournelle connue en matière de politique sociale, mais comment ne pas s’en inquiéter lorsqu’il concerne la prévention sida? A l’heure où la maladie semble faire de moins en moins peur, au moment où des signes inquiétants d’une recrudescence de comportements à risque se manifestent au sein de certains groupes de population, c’est à ce régime que l’Aide suisse contre le sida est en effet contraint. Cas symptomatique: l’Office fédéral de la santé public (OFSP) demande à l’Aide suisse contre le sida (ASS) de faire de gros efforts de prévention auprès des populations migrantes, mais avec pas un sou de plus! Conséquence: d’autres secteurs de la prévention en font les frais, et c’est tout l’équilibre de la politique de l’ASS et de ses antennes qui est mis en péril.
Autant dire que cette situation passe mal au sein de l’association faîtière de lutte contre le sida. «Cela fait deux ans que nous devons sérieusement nous serrer la ceinture. Nous souhaiterions faire plus que nos moyens nous le permettent.», se lamente Daniel Gredig, président de l’ASS. Sur le fond et au-delà de l’aspect financier, les nouvelles options stratégiques émanant du chef de la section sida à l’OFSP Roger Staub ne sont pas du goût des milieux de la prévention. «On sent de la part de l’OFSP une volonté d’affaiblir l’ASS financièrement pour mieux la contrôler. L’OFSP semble vouloir reprendre le contrôle des opérations, de ce qui se fait sur le terrain. Derrière les contraintes financières, je me demande s’il n’y a pas des considérations politiques et stratégiques moins explicites», relève Florian Hübner, directeur du Groupe sida Genève. Pour Daniel Gredig, «il est de notre devoir de réaffirmer notre indépendance: nous avons notre propre manière de voir les choses, à nous de la défendre».

Aux cantons de payer!
Face à ces réactions, Roger Staub reste ferme: «Je pense qu’il est normal que, si l’OFSP lance de nouvelles idées, il y ait des réactions de non-compréhension». Et il estime «qu’il est aussi normal que ceux qui financent décident de ce qu’ils achètent.» Sur le fond, le haut fonctionnaire remet en question la structure fédérale de l’ASS, avec ses antennes régionales, ainsi que les travailleurs de proximité (les «outreachworkers», ou ORW, actifs sur le terrain). En ce qui concerne la prévention dans les milieux homosexuels, il veut concentrer les efforts de prévention sur Genève, Lausanne et Zurich, au détriment des cantons et villes périphériques. «La scène gay a changé: les pratiques à risque sont beaucoup plus fréquentes dans ces grands centres. Il y a moins de vie gay liée à des situations à risque dans la périphérie», déclare-t-il. Que va-t-il donc advenir des personnes qui font de la prévention dans les autres régions? «Je demande aux cantons, qui financent déjà partiellement les antennes, de financer également le travail ciblant les homosexuels. Ce n’est pas à la Confédération de le faire indéfiniment.» Pour l’instant, l’ASS puise donc dans ses réserves pour continuer à financer les ORW. «Cela nous donne quelques mois pour discuter des réformes avec les antennes régionales», précise D. Gredig. En réplique à l’OFSP, il préconise un renforcement de la collaboration avec les associations régionales, en particulier homosexuelles. L’assemblée générale de l’ASS, prévue en mai prochain, s’annonce donc des plus tendues.
Pour ne rien arranger, Roberto Induni, nommé il y a un an seulement à la tête de l’ASS, vient de claquer la porte. Une démission à mettre en lien avec les nouvelles options de l’OFSP? «Mon départ n’a rien à voir avec Roger Staub. Mais il est vrai qu’il a accéléré les discussions stratégiques et mis l’ASS au défi de répliquer, de développer ses propres visions», explique l’intéressé. En coulisses, cette démission est plutôt mise sur le compte des options managériales de Roberto Induni. Mais ce dernier ne veut pas s’étendre sur les points de dissension: «Une partie de mon équipe et moi-même, nous ne parlons pas le même langage. En un mot, nous ne nous sommes pas trouvés», dit-il simplement. Ce qui est sûr, c’est que cette démission est loin de calmer les esprits dans les milieux de la prévention sida.

Tests VIH positifs déclarés en Suisse
1998 655
1999 597
2000 583
2001 632
2002 792
2003 756
2004 731
Source: Rapport de l’OFSP
«Epidémilogie du VIH en Suisse»

Chiffres inquiétants
La proportion de tests positifs est alarmante dans la population de migrants, en particulier ceux issus des pays subsahariens: plus de la moitié des déclarations en 2004. En outre, sur les 731 tests positifs déclarés, 170 concernent des hommes ayant des rapports homosexuels, en hausse par rapport à 2003. Le rapport de l’OFSP l’explique par une augmentation des contacts sexuels, une diminution de la vigilance et la forte prévalence du virus dans ce groupe de population.

Budgets: – 45%!
Alors que le nombre de tests VIH positifs déclarés ne baisse pas en Suisse , et a même connu un nette augmentation en 2002 (+25%), les budgets de la prévention ne cessent d’être revus à la baisse. Il y a dix ans, l’OFSP consacrait encore 16 millions de francs à la lutte contre le sida, aujourd’hui ce chiffre est tombé à 9 millions, soit une baisse de 45% ! Sur cette somme, seuls 3,8 millions vont à l’ASS qui doit compléter son budget (6 millions) par des dons et autres produits.