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Le cas Caouette

Depuis l’âge de 11 ans, Jonathan Caouette filme son quotidien.Vingt ans plus tard, il ressort de ce collage d’images un album de famille brut et corrosif, relevant d’une expérience filmographique unique et ne laissant personne indifférent.

Comme les films-phénomènes, Tarnation compte déjà, sur Internet, ses blogs d’amateurs. «Moi, ça m’a fait penser à la dernière expo de Nan Goldin à La Pitié-Salpêtrière, où elle photographie sa sœur enfermée dans des hôpitaux psychiatriques – mais avec la tendresse en moins», analyse un internaute français au sujet de ce film révélé au Festival de Cannes en 2004. «Et ça me faisait aussi penser aux blogs: mais pourquoi s’exposent-ils tous comme ça? Ce à quoi je me rétorque: mais pourquoi je les lis?».
A n’en pas douter, Tarnation, qui sort enfin sur les écrans romands, a la carrure du film-événement, dépassant sa valeur cinématographique. Sorte de journal intime se livrant crûment, brutalement, ce documentaire chaotique compte tous les attributs nécessaires pour exercer une étonnante fascination sur le spectateur.
Il faut dire que tout sort de l’ordinaire dans ce patchwork autobiographique qui a commencé par conquérir le pape de l’underground américain, Gus Van Sant, producteur du film. Il surprend par ses conditions de réalisation – le petit Jonathan Caouette a commencé à filmer ce qui allait devenir Tarnation dès l’âge de 11 ans –, ses multiples formats – en l’espace de vingt ans, le film est tourné en super 8, Betamax, VHS, Hi-8 et DV – son coût de production – monté sur ordinateur, Tarnation a coûté 218 dollars! –, et le contenu dérangeant, bien sûr, de cet album de famille totalement psychédélique.
Jonathan Caouette, 31 ans, gay, vivant à New York avec son partenaire David, nous entraîne d’emblée dans un tourbillonnant récit chronologique. Tout commence au Texas par l’enfance de sa mère Renée, atteinte de sérieux troubles psychiatriques depuis la chute d’un toit selon la version familiale officielle; un cerveau surtout abimé par des traitements d’époque, aux électrochocs, et définitivement rongé par trop de substances allégeant les souffrances de la vie. Pour Jonathan Caouette commence alors le récit d’un quasi abandon maternel, puis d’une enfance marquée par la maltraitance d’une famille adoptive, d’une quête incessante d’amour et de réponses auprès de ses grands-parents maternels trop lâches pour rompre les secrets de famille. Jonathan filme comme on entre en thérapie. «Filmer n’a jamais été seulement pour m’amuser. C’était un mécanisme de défense. C’était une question de vie ou de mort. Il fallait me défendre contre mon environnement et me dissocier des horreurs qui m’entouraient», dit Caouette au sujet de son passé et de son film. Scène extraordinaire lorsque, à 11 ans, face à sa caméra, il se prend pour une femme avouant le crime d’un mari violent et alcoolique… Enfant, puis ado et adulte nourri à la culture gay underground, Jonathan Caouette semble en recherche perpétuelle, en quête d’une vérité introuvable. Ne reste au bout du périple qu’un exhibitionnisme totalement dérangeant.

Sortie sur les écrans romands le 16 mars