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Festivals: Petits arrangements avec les couacs

Qui dit été, dit festivals. Chaque année, de Nyon à Montreux, ces grosses machines à produire de l'événement semblent assurer sans problème. Pourtant, le public n'imagine pas toujours les astuces et les tricheries qui s'y déroulent sous son nez. Petites histoires véridiques.

Juillet 1991. Paléo festival de Nyon. Le public attend Bryan Adams. Mais avant, c’est le groupe américain de hard rock Extreme qui est chargé de chauffer le public sur la grande scène. Les musiciens se présentent avec, de chaque côté de la batterie, de véritables murs d’enceintes. De quoi se passer de sonorisation supplémentaire. Mais c’est du chiqué. La quasi totalité de ces enceintes sont en carton, donc totalement fictives!
Août 1993, Fêtes de Genève. Le Parc des Eaux-Vives est plein comme un œuf. Normal. L’homme est au sommet de sa forme. Pour fêter ses cinquante ans, ne vient-il pas de livrer un show gigantesque et magnifique au Parc des Princes? Les Genevois en attendent donc beaucoup. Trop sans doute. Le spectacle est au rabais. Pire, Johnny Hallyday &endash; puisque c’est de lui qu’il s’agit &endash; est ivre, pas mort, mais très entamé. Tellement qu’il ne peut assumer son concert. C’est son chanteur-doubleur attitré, Erick Bamy, qui assure les voix pendant tout le spectacle…

Juin 1998, Crans-près-Céligny, Caribana. Sur la petite scène, les Valaisans de Glenn Of Guiness distillent leur folk irlandais pas original pour un sou. C’est toutefois torride et l’ingénieur du son fait «mumuse» avec la sono. Trop, c’est trop, il la fait exploser! Les groupes suivants devront se contenter de jouer à moitié du volume disponible. En l’occurrence, sur un seul côté des haut-parleurs!

Juillet 1998, Montreux Jazz Festival. Les trois jolies sœurs et le frère de la famille Corrs mâtinent leur folklore irlandais &endash; encore &endash; de mélodies pop et de rythmes modernes. Sur disque, c’est sublime et hyper bien produit. Sur scène? Pas mal non plus. Sauf que, en y regardant de plus près, on constate que la violoniste joue et chante en même temps. Ce qui est extrêmement difficile… Mais lorsqu’elle arrête de triturer son archet, on entend toujours le violon. Vous avez dit play-back?

En règle générale, les concerts &endash; autrement dit le «live» &endash; devraient permettre de voir artistes et musiciens jouer pour de vrai, avec de vrais instruments et de vrais micros. Sans chichis. Seulement voilà. Pour assurer le coup, d’aucuns ne se privent pas de tricher pour limiter les risques, et les quatre exemples qu’on vient de vous donner sont loin d’être uniques. Loin s’en faut. Pascal Obispo aurait pour habitude, dit-on, de pianoter sur un Steinway vide de cordes et de mécaniques. Johnny, toujours lui, se contente généralement de mimer «Ce que je sais» devant son public.

Il faut dire qu’aujourd’hui, les technologies permettent de contourner allègrement les difficultés. En studio, c’est encore pire, à l’image des batteurs et des percussionnistes remplacés quasi systématiquement par des boîtes à rythmes perfectionnées. La plupart des tubes du moment se passe d’ailleurs de cette catégorie d’instrumentistes. Conséquence, la touche humaine est aux oubliettes.

Mais où est ma disquette?
Mais se passer de musiciens présente toutefois aussi des inconvénients. A Nyon, en 1996, un groupe suisse doit se produire sous le Club Tent’ en début d’après-midi. Sa balance de son s’effectue environ deux heures avant. Problème: le clavier du groupe a oublié, dans son local de répétition, la disquette de son synthétiseur avec tous les sons programmés! Heureusement, un très rapide aller-retour entre le terrain de l’Asse et le local permettra de sauver la situation.

Sur les planches, le seul instrument que l’on ne peut pas vraiment remplacer est la voix. Et ce passage obligé ne va pas toujours sans peurs pour nombre de chanteurs. Jane Birkin, notamment, a mis des années avant d’assumer sur scène son mince filet de voix. Un de ses musiciens aurait même déclaré n’avoir jamais joué aussi doucement en accompagnant quelqu’un. D’autres ont carrément une telle trouille, on pense à Ophélie Winter, qu’ils repoussent ad libitum une arrivée en direct devant un public. Mais quand tout se passe bien, pour l’artiste, c’est totalement jubilatoire. C’est à cette seule occasion qu’il peut se confronter à son auditoire et l’entendre réagir.

Ces prochains mois, des centaines d’artistes vont venir squatter les scènes romandes. Entre le «petit» festival Caribana de Crans-près-Céligny (3 au 6 juin), le huppé Montreux (2 au 17 juillet), le populaire Paléo (20 au 25 juillet) ou les cosmopolites Fêtes de Genève (6 août), des milliers d’amateurs de musiques vont se rendre aux chants. Il ne reste qu’à espérer que toutes les stars et les étoiles en devenir jouent le jeu de la sincérité et se passent de falbalas. Par respect pour ceux qui paient.