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Journal intime cherche millions de lecteurs…

Au jour le jour, des internautes racontent leurs états d'âme sur le réseau. Drôles de carnets intimes susceptibles d'être lus par la planète entière. Faut-il y voir une nouvelle forme d'exhibitionnisme?

«26 avril 1999. Je perds la boule. Vous êtes-vous jamais demandé si vous êtes en train de devenir fou? Quand vous vous comportez comme si vous n’étiez pas vous-même. Quand vous faites des choses que jamais, jamais vous n’auriez pensé faire. La semaine passée, j’ai oublié mon rendez-vous chez le médecin. Samedi soir, j’ai donné un pourboire de dix dollars au chauffeur au lieu de un. Aujourd’hui, je suis restée endormie et j’ai raté mon rendez-vous avec Donna. Dans mes meilleurs jours, je me demande si je suis folle.(…)» Depuis juin 1996, Diane Patterson confie à son journal ses petites angoisses quotidiennes et ses grandes interrogations existentielles. Un carnet bien caché dans un tiroir? Fermé à double tour d’une petite clef dorée? Vous n’y êtes pas vraiment: c’est sur Internet que Diane Patterson livre ses états d’âme, et en guise de clef, il suffit de connaître l’adresse de son site pour pouvoir entrer dans le secret de sa vie quotidienne.

Des Diane Patterson, il en existe des centaines sur le web, un phénomène qui s’est développé en Amérique du Nord et qui commence à faire des adeptes en Europe. Peines de cœur, drague ordinaire, mesquineries entre collègues de travail, récits de vacances avec photos du petit dernier sur la plage, tous les détails, ou presque, de la vie intime des diaristes sont ainsi livrés à des millions de lecteurs potentiels. Le mouvement est tel que plusieurs sites et listes de discussions lui sont consacrés. Ces écrivains un peu particuliers forment désormais une véritable communauté qui échange conseils d’écriture et autres analyses. Difficile de faire le portrait type de ces chroniqueurs du quotidien. Selon une enquête réalisée par Pamela O’Connell, de Mining Company, une société qui produit des guides web, la majorité des diaristes seraient jeunes (20-29 ans) et célibataires, ce qui correspond au profil type des utilisateurs d’Internet. Si les journaux tenus par des femmes sont les plus remarqués, les hommes s’adonnent tout autant à cette activité.

Le plaisir du regard

Besoin de faire valoir leurs talents d’écriture, de partager avec d’autres les épreuves de la vie, les diaristes évoquent de nobles raisons qui les poussent à dévoiler ainsi leur univers intime sur le Net. Mais surtout, «la plupart des diaristes web avouent leur plaisir d’être lu. Le journal est une forme intime, d’accord, mais constitue néanmoins une forme de création et donc, d’une certaine manière, un spectacle», explique Michèle Senay, spécialiste et passionnée du genre.

Plus que le carnet condamné à moisir au grenier, les récits publiés sur le web &endash; parce qu’ils peuvent être lus par un grand nombre de gens et de manière quasi instantanée &endash; apportent à leurs auteurs une excitation à la hauteur des possibilités infinies que leur offre le média. Parmi leurs motivations, les diaristes citent souvent «le défi de se livrer au regard de tous», «l’envie de voir si l’on supportera l’exercice» ou encore «le plaisir de partager sa création». Ils ne l’avouent qu’à demi-mot, mais leur passe-temps favori correspond bien à une forme d’exhibitionnisme à grande échelle. Pas étonnant d’ailleurs que les auteurs utilisent rarement un pseudonyme et ne se censurent que très peu, selon l’étude de O’Connell, tant la notion de célébrité, voire du risque que comporte ce déshabillage public, fait partie du plaisir.

Les diaristes ne sont d’ailleurs pas les seuls à s’exhiber sur le Net. Le phénomène des webcam, qui consiste à placer des caméras dans son appartement et diffuser les images de sa vie quotidienne sur le réseau, relève des mêmes motivations. Et que dire de ces sites qui invitent désormais les fidèles à confesser leurs pêchés on-line? Autant de strip-teases qui fonctionnent aussi parce qu’ils ont leur public. Car qui dit exhibitionnisme, dit aussi voyeurisme. Mais attention, le croustillant n’a rien d’indispensable. Pour le lecteur d’un journal intime, les événements les plus banals que raconte le diariste &endash; désormais cet ami proche &endash; prennent d’un jour à l’autre des allures de scénario à suspense.

Effets secondaires

Aussi excitants soient-ils, rares sont pourtant les journaux qui durent. Certains s’arrêtent simplement parce que les confidences publiques n’apportent plus rien à leurs auteurs. Mort naturelle, fin de thérapie! Et puis, le fait de se livrer sans fard, la perte de l’anonymat, le feedback des lecteurs, la dépendance à l’écran et à l’écriture, sont autant d’effets secondaires difficiles à gérer. «Au début j’écrivais parce que j’en avais envie, un point c’est tout. Plus le journal se développait et les gens s’y intéressaient, plus je me sentais obligé d’écrire. « C’est mieux que Melrose Place », m’a écrit un jour un lecteur, mais vous voyez, ce n’est pas Melrose Place, c’est ma vie. Elle est réelle et il faut donc que je ne mette pas tout dans mon journal pour que cela reste ma vie et qu’elle vaille encore la peine d’être vécue», expliqua Justin lorsqu’il choisit de mettre un terme à son journal. Il l’avait tout simplement intitulé «My life».

Des adresses pour les accros

Envie de lancer votre propre journal ou de suivre les aventures d’un diariste au quotidien? Quelques adresses.

Lire au jour le jour

«Nobody knows anything»: Le journal de Diane Patterson, scénariste à Los Angeles. Divertissant, bien écrit et intelligent. D’autant plus séduisant que le site est fort bien conçu.
http://www.spies.com/~diane/Diary/index.html

«Private goes public»: Drague, sexe et quête du grand amour. Telles sont les tribulations de Lohengryn, un homo à Paris.
http://homepages.go.com/homepages/g/l/a/glassh/pgp/

«Asynchronous exhibitionism»: Michelle Kinsey-Clinton a le blues, son mariage péclote et son amante l’a quittée…
http://www.sapphireblue.com/ae/061199.shtml

Tout savoir sur le genre

«Intimiste»: l’excellent site de Michèle Senay qui fournit des conseils, des liens et un historique du genre. En français qui plus est.
http://www.colba.net/~micheles/index.html

L’enquête de Mining Co.: tout sur le profil des diaristes.
http://personalweb.miningco.com/library/zArchivez/070198/ff112497.htm

Et encore:
www.diarist.net
www.metajournals.com

Pour en discuter entre pros:

Liste de discussions francophones. Abonnement à l’adresse: www.onelist.com/arcindex.cgi?listname=journal

Diary-L, liste de discussions anglophones. Abonnement à l’adresse:
www.diarist.net/list/