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Un Prozac dans ma bière

Sous le ciel de Neuchâtel.

«Non, je peux pas, je suis dans le train pour Neuchâtel…» «Neuchâtel?!?» Florian semblait partagé, interloqué. Entre gêne, incompréhension et amusement condescendant. Désormais averti du même manque de curiosité innocente qui pousse nos congénères à écraser les araignées et à disséquer les extra-terrestres après les avoir copieusement canardés de bombes atomiques, on renonçait à décrocher le natel et à justifier notre voyage au pays des Pury à des oreilles trop mal attentionnées pour comprendre que Neuchâtel peut être belle, même un soir de semaine, par temps de pluie de surcroît.
Dans l’ICN qui roucoulait le long des lacs, on se souvenait du même voyage qui nous transportait quelques années auparavant en direction des arteplages qui devaient accueillir la Gay Pride. On se souvenait du fiasco de la soirée avec J. et de l’hôtel décommandé en dernière minute, pareil pour les je t’aime, pareil pour le soleil, pareil…
A peine débarqué dans la cité d’or, on commençait à fourrer son nez dans chaque poubelle, derrière chaque buisson, sous n’importe quelle plate-bande, à la recherche des centaines de statuettes de plâtre que le MEN, le musée d’ethno de Neuchâtel, avait disséminées aux quatre coins de la ville dans la nuit qui précédait pour célébrer son centième anniversaire. Plutôt que les «pieds de chinoise» ou les amulettes de l’Ile de Pâques, c’était les nains de jardin miniatures qui monopolisaient notre énergie et transformaient cette improbable quête en transe à la fois pathétique et terriblement jouissive. Au bout de deux heures d’infructueuse recherche, à se faire houspiller par des dames inquiètes de nous voir plonger dans les poubelles ou dans leurs boîtes aux lettres, on renonçait, suffisamment fier d’avoir collecté une paire de lunettes de soleil et une canette de bière vide.
On filait se sécher au Chauffage Compris en attendant S. qui devait nous rejoindre pour dîner et on se prenait à goûter ce qui ressemblait fort à un instant d’éternité, planqué comme on l’était dans un coin de salle, dans une ville où le hasard ne pouvait nous mettre de fortuite rencontre dans les pattes, comme exilé dans un ailleurs suffisamment proche pour être rassurant et suffisamment lointain pour isoler la quiétude.
«Comment une image elliptique et symbolique peut-elle trahir à ce point la réalité, le point de départ résonner d’un parcours de faux-fuyants et séparer les êtres autrefois unis? Comment et pourquoi certains choisissent de rugir face à l’échec tandis que d’autres poursuivent les chimères autrefois plaisanteries?» On se laissait ainsi aller aux divagations qui construisent les esprits, qui cimentent les philosophies de personnes, quand une sorte de chuchotement réconfortant nous faisait lever les yeux vers un sourire presque candide. D. souhaitait nous offrir un deuxième verre de vin, et, pourquoi pas, s’asseoir à notre table… Le hasard sait toujours nous retrouver.
Une heure finalement silencieuse devait occuper l’attente et le seul mot que nous devions échanger fut un regard au moment où S. nous rejoignait et que nous devions quitter D. pour continuer à fuir le hasard.
Attablés à l’abri des regards sur une banquette à l’américaine dans un coin du Café du Jura, on épiait les conversations de nos voisins invisibles en savourant un pot-au-feu fondant et sucré quand on réalisait que ce nouvel instant de silence révélait la force que savent se transmettre les présences qui se respectent.
On s’endormait sur la banquette arrière de la voiture de S., presque volontairement, comme pour que le voyage du retour ne nous apparaisse pas, comme pour nous faire croire à un songe, à un chemin des possibles dont l’accès ne devait pas appartenir à notre conscience mais à une liberté naturelle qui devait nous en suggérer le plaisir systématiquement, intuitivement…

Mes stamms d’un soir

Chauffage compris
37, rue des Moulins
Incontournable pour son panneau d’affichage au-dessus des escaliers. La meilleure façon de se tenir au courant de ce qui est hip et chic à Neuch.

L’Univers
22, Coq-d’Inde
Pour la terrasse exclusivement: Madame de Pury et ses meilleurs amis s’y réunissent avec le Neuchâtel qui compte.

Café du Jura
7, La Treille
Les années 50 de Chicago meet le pot-au-feu de ma grand-mère. Incontournable, indécrottable, sublime, forcément sublime.

L’Interlope
16, Quai Philippe-Godet
Midi et soir du mardi au dimanche, prix défiant toute concurrence: 15 francs trois plats, et de qualité avec ça, madame!