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M’as-tu vu?

M’as-tu vu?

Toutes les tendances les plus idiotes du moment.

A hauteur des fesses
L’homme moderne porte des jeans, mais il demeure cornélien avant tout. En effet, le dilemme le taraude quand il s’agit de regarnir sa garde-robe d’un pantalon indigo: moule-boules ou baggy? Le dilemme étant déjà une chronique de notre éminent confrère, le magazine féminin «Perce-neige», gardons-nous de lui chiper ses truculentes idées. A plus forte raison si la mode de cet hiver ne tranche pas entre les «redresseurs» de popotins et les dégeulandi fessiers. Pourtant un grand nombre de personnes évoluant dans les soirées gays ont choisi le camp du moule-cul, soit le triomphe de la vulgarité. Pourquoi? Les mauvaises langues diront que la raison de cet enthousiasme tient au rapport de séduction homo lié au cul, comme chez les clébards. En réalité, les addicts du moule-cul se recrutent principalement parmi les fans d’MTV et d’NRJ. Ils s’identifient de fait à des starlettes à 2 francs, car la branchitude découle aujourd’hui de la staritude. Ces fétichistes sont par contre des adeptes du denim à 300 francs, surtout si cet achat indispensable, en plus d’exploser leur budget ménager, les force à se nourrir de toasts deux mois durant. Dans le vif de cette question essentielle, notons que la seule certitude pour le porteur de moule-cul reste la quête d’une identité exprimée par sa tenue, comme le prouve le foisonnement des jeans customisés. Cette notion idiote primant sur celle de l’élégance, les bals du samedi drainent leurs cohortes de maigrichons et de gras-du-bide saucissonnés dans leurs falzars bleus plus ou moins délavés. Rappelant les 70’s. Pour mémoire, les jeunes d’alors enfilaient leurs jeans encore mouillés pour leur permettre un habillage plus aisé. Une mise en garde aujourd’hui s’impose. Si les files d’attente devant les WC des night-clubs démontrent la difficulté du reboutonnage de ce fichu moule-cul, gageons que nombre d’incontinents finiront trempés comme naguère et que les flaques proliféreront.

Poils à la nuque
Retour de flamme d’une mode horrible qui talonne l’inoxydable crâne rasé. Le syndrome de l’oxygénation capillaire n’a pas dit son dernier mot. Chez les tantouses entre autres. Le revival 80’s nous avait resservi la brosse glacée (décoloration superficielle) et la crête de coq déstructurée. Elle nous refourgue maintenant la coupe mulet (court dessus, long derrière) décolorée de surcroît. Cette coiffure synthétisait, aux temps heureux, tous les aspects capillaires du beauf. Mais, depuis quelques mois, elle manifeste sa suprématie dans les milieux branchouilles: électro-clash, néo-gothic, voire bobo. Olivier, coloriste à Lausanne, a d’ores et déjà adopté cette oriflamme. «Le mulet rappelle aux 18-25 ans la petite queue de rat blonde de leur enfance. Au salon, une personne par semaine nous demande le mulet classique que je travaille par mèches ou en couches. Avec un dégradé de blonds, on obtient un maximum de profondeur.» Abyssale! Ce trend venu d’Angleterre perdure de par le monde comme la mauvaise herbe, ce qui est très rare pour une fashion réformette. La rumeur court en Californie que la société Veet, spécialiste de la crème dépilatoire, avec l’accord du nouveau gouverneur, aurait lancé des commandos urbains à l’attaque des vaniteux qui arborent une coupe mulet en public. Aucune confirmation n’a été fournie à l’heure où nous mettons sous presse. Mais dans l’incertitude nous applaudissons des deux mains ces fiers «décapillators».

Poils à l’index
Les poils pubiens transplantés sont la dernière tendance en Corée du Sud, où un pubis fourni est considéré comme un signe de fertilité (environ 3000 francs suisses la transplantation de cheveux sur le pubis). Si la déferlante n’arrivera pas cet hiver en Europe, les femmes de nos contrées remiseront quand même leur rasoir. Mademoiselle H., épileuse à Founex (ça ne s’invente pas!), lève un coin du voile. «L’esthétique des poils pubiens intéresse la gent féminine car c’est une partie anatomique peu mise en valeur et parfois atrocement mutilée par un rasage voire une épilation trop importante. La tendance est à la boucle naturelle travaillée soi-même avec une lotion hydratante ou en institut. Pour ma part, je préfère la méthode dite de «l’index tourné» qui consiste à imprimer un mouvement circulaire dans la touffe de poils pubiens. Ainsi la courbure naturelle des poils pubiens est harmonieusement accentuée. Une variante de cette méthode permet d’obtenir des boucles plus marquées. Il suffit, avant de procéder à «l’index tourné», de rassembler une mèche de poils par la technique du «pincé-roulé». Le «pincé-roulé» consiste simplement à pincer entre le pouce et l’index une mèche de poils et de la rouler alternativement dans le sens horaire et anti-horaire.» La laque à cheveux est vivement déconseillée.

Un si bon docteur
On peut naître le cul bordé de nouilles et par altruisme se soucier des misères de la masse populaire qui génère sa propre fortune. David Servan-Schreiber, médecin psychiatre, est le rejeton d’une dynastie de magnats de l’édition. Robert, le grand-oncle, a fondé les Echos en 1908; Jean-Jacques, le père, a créé l’Express, adapté du Time américain; Jean-Louis, l’oncle, a créé l’Expansion avant de faire le succès du magazine Psychologies. Mais passons la longue liste de best sellers que d’autres Servan-Schreiber ou pièces rapportées plus ou moins brillantes ont pondus. En effet, cette success story s’explique par la systématique transposition de produits et concepts américains en France. Fort de ce précepte, le vaillant David étudie au Canada et poursuit des recherches à Pittsburgh (USA). Les chiens ne faisant point des chats, le bon samaritain, de retour à Neuilly, publie un bouquin nommé «Guérir», sous-titré en écarlate «le stress, l’anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse». Les doigts dans le nez, quoi! Plus de 135’000 exemplaires de ce livre ont déjà trouvé acquéreur. Les traductions se succèdent et les librairies de Suisse le recommandent à tour de bras. Le récit, narré à la première personne du singulier, trace des pans de vie du bon docteur, dont son voyage au Kosovo où il soigna des traumatisés de guerre. Son souci premier est le bien-être de ses patients et du lecteur à qui il écrit comme à un frère. Il lui conseille d’adopter un chien plutôt que des cachetons. Outre le fait que David aime se victimiser comme un incompris de la profession médicale, il atteint des sommets lyriques dans le chapitre «Prozac ou Adidas» qui lui attirera sans doute les louanges des littérateurs. Comme une réussite laisse augurer d’autres succès, la parution de l’opus est assortie de la mise sur le marché d’Oméga-3, une gélule miracle produite par la marque Isodis Natura. Devinez qui a inventé la formule?

«Guérir», David-Servan-Schreiber, éditions Robert Laffont, 304 pages