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Les bijoux de la Kardashian

La pie Kim Kardashian s’est fait chourer ses bijoux, l’info n’est pas d’hier. Par contre ce que l’on comprendra peut-être demain, c’est la morale de cette fable moderne.

Dans l’espace-temps des réseaux sociaux, le drame semble s’être déroulé il y a des années lumières. Refresh: pensant dormir sur ses deux oreilles «et sur son butin de bijoux» dans la suite d’un hôtel particulier du 8e arrondissement à Paris, Kim Kardashian se faisait braquer et dérober ses joyaux pour une valeur de neuf millions d’euros (quand même) dans la nuit du 2 au 3 octobre.

L’ironie du sort pour l’épouse de Kanye West qui découvrait à ses propres dépens que le sur-étalage de soi sur les réseaux pouvait camoufler de méchants revers de médailles. En deux mots, la pie se faisait piéger par la géolocalisation. Le comble! La mésaventure a vite fait d’envahir les médias du monde entier, agrémentée ça et là de perles, telles la déclaration bien vacharde de son ami Karl Lagerfeld: d’une autre époque tout en symbolisant la nôtre, le vétéran directeur artistique de Chanel déplorait que l’incident en pleine Fashion Week n’entache un peu plus l’image déjà ternie par les attentats de Paris, que Kim ne faisait que payer la rançon de sa fortune outrancière exhibée sur Instagram et surtout, donnait une piste aux enquêteurs en déclarant qu’il s’agissait «apparemment de cambrioleurs d’Europe de l’Est, les pires», selon lui. On vous laisse le soin d’en penser ce que vous voulez, à vomir peut-être?

Un peu plus de mépris
Evidemment, l’expérience n’est à souhaiter à personne. Pour autant, on n’a pas envie de la plaindre. Les théories du complot? On s’en fout. Mais alors totalement. Etrangement après un fait divers aussi croustillant, elle n’en sort pas auréolée tel un martyr du capitalisme. De cette fable moderne, Kardashian n’aura gagné qu’un peu de mépris. Victime, elle l’a certainement été, mais sans compassion. L’héritage d’une vie snapchattée sans doute. Dans sa mission du grand déballage en tentant de combler le vide par des pierres précieuses, la jet-setteuse des années 2010 a pourtant réussi un tour de force qui mérite d’être salué ici: plutôt que rendre vertes de jalousie toutes les filles de la planète avec sa «vie parfaite», elle a fini par éduquer ses millions de followers à rester insensibles à ses joies autant qu’à ses peines.

Apprendre à se murer dans ce qu’il nous reste de sphère privée pour éviter de s’abîmer dans des sentiments négatifs comme la jalousie ou l’envie face à la vie des autres, merci Kim. Sacrée pirouette de la part de la star qui en dehors de la téléréalité et d’Instagram n’est rien. Tiens, elle nous donnerait presque envie de nous replonger dans l’ouvrage «Mythologie» du philosophe français Roland Barthes, qui s’exclamait dans les années 1950: «La science va vite et droit en son chemin; mais les représentations collectives ne suivent pas. Elles sont des siècles en arrière, maintenues stagnantes dans l’erreur du pouvoir, la grande presse et les valeurs d’ordre.» Bref, sinon elle rêve de quoi aujourd’hui? D’invisibilité, aux dernières nouvelles. Raté, car il s’agit là d’un don, chère Kim. Que tu as savamment œuvré à réduire à néant.