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Mon gaydar, un mythe?

Selon une récente étude, le fameux 6e sens qui permet aux gays de se reconnaître entre eux ne serait rien d’autre qu’un raisonnement par stéréotype.

Je ne sais pas vous, mais moi, j’ai l’impression de pouvoir repérer les homos juste comme ça, tac, d’un coup d’œil. Dans le jargon, on dirait que je suis équipé d’un «gaydar» (contraction de gay et radar) efficace… Mais voilà: Une récente étude scientifique tendrait à prouver qu’une telle faculté n’existe pas et, pire encore, que croire en son existence inviterait à étiqueter à tout-va le cœur léger… Jusque-là, j’avais bonne conscience.

De nombreux travaux scientifiques ont été écrits sur le sujet, certains défendant la réalité de cette faculté, d’autres dénonçant un mythe. Celui qui nous intéresse ici, réalisé par le département de psychologie de l’Université de Wisconsin-Madison, vient contrecarrer une étude selon laquelle il serait possible de déterminer l’orientation sexuelle d’une personne simplement en voyant sa photo…

Les travaux de l’équipe de William Cox ont prouvé le contraire et ils ont même mis à jour le biais de l’étude de 2008: la qualité des images! Il semble que les homos aient des exigences plus hautes que les hétéros quant au choix de leur photo de profil sur les sites de rencontre. Ébauche d’explication donnée par la nouvelle étude: Le marché étant plus restreint, l’offre doit être plus alléchante. Dans un second temps, le panel s’était vu présenter des photos de profil associées à une courte description, du genre «aime le shopping» ou «aime le foot». Or plus que les faciès, c’est bien ces phrases stéréotypées qui ont déterminé le choix des cobayes. Les Sherlock à la petite semaine ont fait des liens du type «t’es coiffeur, t’es homo», «t’aimes les voitures, t’es hétéro». Enfin, dans un troisième temps, les chercheurs ont remarqué que les participants à l’étude avaient été plus enclins à laisser s’emballer leur étiqueteuse si on leur disait, dans le préambule, que le gaydar existait bel et bien.

Déraisonnable
Raisonner par catégories, c’est pas bien, on le sait. Or, faire passer le gaydar pour un sixième sens ou une intuition, c’est justement rendre acceptable un jugement de cette nature. Encore, si les stéréotypes étaient utiles, mais leur pouvoir prédictif est nul, surtout pour ce qui est des affinités de plumard… Pourquoi? À cause du nombre. Pour que d’un trait distinctif l’on puisse inférer une orientation sexuelle, il faudrait que ce trait soit vingt fois plus fréquent chez les homos que chez les hétéros, parole de statisticien.

William Cox le résume à merveille: Si 100% des homosexuels et 10% des hétéros portaient des t-shirts roses en permanence, y aurait toujours deux fois plus d’hétéros vêtus de rose que d’homosexuels dans la même tenue. Ce qu’il est également intéressant de noter est que seuls les éléments couramment associés à l’image de l’homosexuel sont utilisés par le soi-disant gaydar: «aimant la mode» ou «est bien coiffé», et non pas, par exemple, «est alcoolique» – alors que selon une autre étude étas-unienne, un homosexuel aurait trois fois plus de chance d’être alcoolique qu’un hétéro.

Vilain stéréotypeur
Enfin, un autre danger du raisonnement par stéréotype est qu’il implique souvent une erreur logique connu sous le nom d’affirmation du conséquent. Un exemple: De «Si t’es homo, t’aimes le shopping», nombreux vont déduire à tort «si t’aimes le shopping, t’es homo».

Malgré les attaques contre mon sixième sens, je m’en sens toujours pourvu. Suis-je un vilain «stéréotypeur»? A mes yeux, cette étude s’attaque à des moulins à vent. Mon radar ne fonctionne ni à «aime le shopping» ni à «est coiffeur» et il est absolument inefficace sur les photos de profil, comme sur la taille des orteils d’ailleurs. Il se déclenche à la façon de se tenir ou de marcher, au regard et à plein de petits riens que je ne saurais énumérer… Mais il ne fonctionne que sur les hommes, je suis incapable de débusquer une lesbienne, pas même dans un magasin de bricolage! Il doit y avoir un biais dans mon analyse, mais lequel? Vivement qu’une nouvelle étude scientifique vienne me déniaiser.

«Inferences About Sexual Orientation : The Roles of Stereotypes, Faces, and The Gaydar Myth», William T. L. Cox*, Patricia G. Devine, Alyssa A. Bischmann & Janet S. Hyde, 2015