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Les jeunes transgenres s’affirment dans les écoles romandes

Un élève a annoncé qu’il voulait qu’on l’appelle désormais avec un prénom masculin. Une première à Genève qui a lancé le débat.

De plus en plus de jeunes transgenres osent parler de leur vécu et demandent à être reconnus dans le cadre scolaire. C’est un élève du cycle d’orientation qui a ouvert la brèche au début du mois d’avril. Il a alors annoncé qu’il porterait dorénavant un prénom masculin. Une première à Genève. Dans la foulée, une vingtaine de personnes transgenres ont formulé la même demande dans le canton. Une volonté qui a rapidement alerté différents acteurs et actrices de l’éducation. «On a pris toute la mesure de cette émergence, développe Franceline Dupenloup, responsable égalité et prévention de l’homophobie et de la transphobie au Département de l’instruction publique (DIP). A savoir, le nombre d’élèves transgenres dans nos écoles et l’extrême souffrance de situations qui n’avaient pas été réglées depuis des années.»

Pourtant un cadre existe. Il s’agit de modules de sensibilisation contre l’homophobie et la transphobie. Ils sont notamment dispensés par la Fédération genevoise des associations LGBT, mandatée par le DIP. La transphobie y est systématiquement abordée. De plus, «nous sommes en train de mettre en place des actions plus ciblées pour soutenir et protéger des jeunes qui sont en transition», explique Delphine Roux, coordinatrice de la Fédération genevoise des associations LGBT. Il faut dire que les situations individuelles de jeunes élèves trans ont émergé depuis peu sur le terrain, en milieu scolaire. Pour Delphine Roux, c’est notamment du côté de la visibilité de ces questions qu’il faut chercher pour comprendre l’arrivée récente du phénomène. «Je pense que les sensibilisations régulières des écoles sur la thématique de l’homophobie et de la transphobie ont participé à l’émergence des réalités vécues par ces jeunes», confirme Franceline Dupenloup. Une réalité qui sort, en tous point, de l’ordinaire.

Au Conseil d’État
Changement de sexe, nouveau prénom… Il est aisé de comprendre que la question transgenre est singulière, et bien qu’il existe des points de recoupement avec l’homosexualité, elle demande une attention toute particulière. Mais aussi et surtout des droits à mettre en place à l’école. «Les jeunes transgenres ont des demandes qui s’articulent sur trois aspects principaux, développe Franceline Dupenloup. D’abord le respect du prénom d’usage, ensuite l’accès aux toilettes et aux vestiaires du sexe auquel il ou elle s’identifie.» Des prérogatives qui pourraient bien figurer dans le règlement même des écoles genevoises. «Nous allons soumettre un protocole de procédure au début du mois de juin à la conseillère d’Etat en charge du DIP, détaille Franceline Dupenloup. C’est ensuite à elle que revient la charge de prendre une décision. Nous allons aussi diffuser un guide de bonnes pratiques à l’attention du personnel de l’école. Il est en cours d’élaboration par l’association Agnodice, active dans le domaine de la transphobie. C’est le canton de Vaud qui avait fait la demande d’un tel guide et nous allons profiter du travail déjà entamé.»

Dans le canton de Vaud, la question transgenre a déjà été soulevée. D’ailleurs plusieurs élèves ont pu changer d’identité de genre. Mais cette modification s’est faite dans la plus grande discrétion, en raison de la politique de confidentialité menée dans les établissements scolaires. Une méthode qui contraste avec Genève qui respecte aussi cette dimension mais opte pour une visibilité de ces questions afin de donner des signaux positifs aux élèves et aux établissements. Mais bien qu’il y ait des divergences en termes de vision entre les cantons, une volonté de coordonner le travail est en cours. C’était notamment le but de la réunion qui a eu lieu le 17 mai entre Vaud et Genève et qui visait à valoriser la dynamique intercantonale.

Réticences
«Lors de cet événement, nous avons notamment fait émerger des pistes pour les établissements qui n’ont rien mis en place», souligne Delphine Roux. D’une école à l’autre, d’une direction à l’autre, d’un canton à l’autre, la sensibilisation aux questions transgenres ainsi que l’acceptation de ces élèves, varient. Si de nombreux établissements ont bien accueilli la demande de ces jeunes à se faire appeler par leur prénom d’usage, des réticences persistent. «J’ai été surprise par la réaction rapide de certains responsables afin de prendre en main cette situation. Mais parfois certains collaborateurs résistent au sein de l’école. Bien qu’on leur ait demandé d’appeler les élèves par leur nouveaux prénoms, certains continuent de les interpeller par leurs anciens prénoms, de façon ostentatoire. Cela génère de véritables blessures chez ces jeunes. C’est clairement une forme de maltraitance.»