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Le parc et ses proies faciles

La Perle du Lac à Genève est toujours un endroit de prédilection pour «casser du pédé». Il serait temps que cela change.

«J’ai très vite compris que quelque chose ne jouait pas. Je leur ai demandé leur âge, ils m’ont répondu «19 ans», et quand je me suis retourné pour partir et rejoindre mon vélo, c’est là que je reçu un coup à l’arrière du crâne.» Il est minuit le 4 juillet dans le parc de la Perle du Lac à Genève. Chris*, 34 ans, s’enfuit à toutes jambes, «la tête en sang». Une scène terrible et, quelque part, presque banale. Puisque l’homophobie n’est pas condamnée en Suisse, il n’existe aucune statistique de la police ou des hôpitaux sur les agressions de ce type. Toutefois, 25% d’hommes gays ont été victime d’au moins une agression physique dans leur vie.

La Perle du Lac, c’est un lieu de drague gay. Tout le monde le sait, les homos, les flics, comme la racaille. Tout le monde connaît sa dangerosité, même Chris*: l’un de ses amis avait été témoin d’un passage à tabac, dans cet endroit même, quelques années plus tôt. «Qu’alliez-vous faire dans ce parc?» C’est la question qui vient spontanément à l’esprit, la même que lui poseront les policiers appelés d’urgence sur les lieux en ce soir de juillet, ceux qui arriveront, trois quarts d’heure après l’appel, «sans se presser». «Cette question est insupportable, elle implique que ce qui m’est arrivé est de ma faute», s’agace le jeune homme. Et la réponse est évidente: il allait y faire exactement ce que vous pensez qu’il allait y faire. Et alors?

Mettre fin à l’impunité
Le cas de Chris est particulier. Il a décidé d’aller jusqu’au bout de la procédure et de porter plainte. Il explique son choix: «Si je ne le fais pas, j’ai l’impression que j’admets que c’est normal et que c’est moi qui suis responsable». D’ordinaire déjà, les homosexuels victimes d’agressions ne portent pas plainte, et ceci est encore plus vrai celle-ci s’est produite dans un lieu «sensible», tel un parc, comme l’explique Michael Häusermann, chargé de projet santé et homophobie à Dialogai: certaines victimes vivent des doubles vies et craignent de devoir dévoiler leur homosexualité. Elles redoutent de surcroît de devoir justifier leur présence dans ces lieux de drague, qui sont mal vus, même dans la communauté. «Pas mal de gays pensent que c’est un type de pratique qu’il ne faudrait pas avoir», commente Michael Häusermann.

Lorsque Chris* décide d’entamer les démarches, il se trouve face à un mur: «Je n’ai pas eu l’impression que la police prenait mon cas au sérieux et les associations que j’ai contactées m’ont, dans un premier temps, apporté peu de soutien». La faute à une mauvaise organisation lors de la pause estivale, explique le chargé de projets santé et homophobie à Dialogai qui assure cependant que toutes les mesures ont été prises pour qu’un tel cas ne se reproduise plus. L’un des rôles de l’association est en effet d’aider les victimes dans leur démarche, notamment en les mettant en lien avec le LAVI (Centre de consultation pour Victimes d’infractions), une instance présente dans chaque canton.

Effet de groupe
Le cas de Chris* se singularise également en ce que l’un des deux agresseurs a été interpellé — par les agents de sécurité et non pas par la police, il faut le noter – ce qui est très rare. Dans les autres cas, cette absence d’interpellation, et donc de sanction, a pour effet de créer un sentiment d’impunité chez les agresseurs, à les encourager à recommencer. Qui sont-ils au juste, ces agresseurs? Des jeunes gens, entre 16 et 25 ans, parfois plus jeunes.

«Si tu vas casser du pédé au milieu de la nuit, il y a de bonnes chances que tu n’aies pas de copine»

Les agresseurs sont lâches et n’agissent jamais seuls détaille Michael Häusermann. Ils sont très majoritairement d’origine sociale modeste. «Les homosexuels qui visitent le parc sont des victimes faciles: ils sont dans un lieu isolé, personne ne leur vient en aide s’ils crient et ils se défendent rarement.» En fait, les jeunes agresseurs ne sont pour la plupart pas «des casseurs de pédés», mais des détrousseurs, des paumés, discriminés eux-mêmes par la société: «Si tu vas casser du pédé un vendredi au milieu de la nuit à la Perle du Lac, il y a de bonnes chances que tu n’aies pas de copine».

Ceci n’excuse rien, ça explique – un peu. Reste que Genève est la seule ville de Suisse romande où les agressions de ce type sont si fréquentes. Pourquoi? «À Lausanne, nous nous sommes débarrassés de ces menaces en appelant systématiquement la police», explique Bertrand de VoGay. «Tous les homos qui fréquentent les parcs savent qu’ils peuvent appeler sans autre la police, qu’elle viendra rapidement et en nombre, même sur un sentiment d’insécurité, face à un groupe de jeunes, par exemple». Homophobie ou concours de circonstances, n’en demeure pas moins que les homos et bisexuels hommes subissent quatre fois plus d’agressions (verbales, physiques, vols, harcèlements) que le reste de la population masculine, affirment deux études menées par Dialogai en 2002 et 2011.

Va-t-on vers le mieux? «Entre les deux études, un statut quo, voire une légère augmentation des cas», déplore Michael Häusermann. Cet été nous le démontre: en juin déjà, la Perle du Lac était le théâtre d’un passage à tabac crapuleux. La victime a eu moins de «chance» que Chris*: après s’être fait tabasser par cinq jeunes hommes, cet homme a été retrouvé, inconscient, à proximité de son véhicule. «Six semaines après les faits, il est toujours incapable de reprendre le travail», raconte le responsable de projet à Dialogai.

*prénom d’emprunt

4 thoughts on “Le parc et ses proies faciles

  1. On se demande la nationalité des agresseurs et la religion. Mais comme le journal est bien pensant, on ne le saura pas.

  2. Pour l’instant, le journal n’est pas « bien pensant », mais simplement pas au courant. Les procédures sont en court et 3-4 jeunes dont un de 13 ans, ont été déférés devant le tribunal des mineurs.

  3. Il faut arrêter avec la stigmatisation des étrangers dans ces commentaires insidieux.

    Beaucoup de personnes de la communauté LGBTIQ tombent amoureux/amoureuses de personnes du 3e cercle : du Maghreb, d’Afrique, d’Asie, des Pays de l’Est, d’Amérique Latine, etc. la plupart sont des belles personnes avec qui nous sommes heureux et heureuses.

    Vouloir stigmatiser systématiquement et à chaque fois une infime partie de ces populations qui commettent des agressions est inutile car elle occulte les 90% ou + qui vivent bonheur et solidarité !

    Soutenir l’éducation aux questions LGBTIQ partout (jeunes et adultes), informer, discuter, débattre, être ferme aussi, est la réponse qu’apporte notre ville multiculturelle qu’on aime !

  4. Kakou, tu as sûrement raison concernant la stigmatisation des étrangers cependant, il apparaît très clairement et trop violemment que la dite réponse de notre ville que l’on aime n’est pas adaptée et encore moins suffisante.

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