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Militant de la normalité en terres jurassiennes

Militant de la normalité en terres jurassiennes

Régis Froidevaux, membre du comité de Juragai, a participé activement à la banalisation de l’homosexualité dans sa région. Et le combat n'est pas fini.

«Il y a une quinzaine d’années», lorsque Régis Froidevaux rejoignait Juragai, «l’homo c’était, dans l’esprit populaire, la folle qui dansait nue sur un char de la gay pride.» Depuis, un sacré progrès: «A présent, les Jurassiens voient les homosexuels comme n’importe qui, comme leur voisin, comme leur coiffeur – enfin, non, mauvais exemple! – comme leur dentiste, comme monsieur et madame Tout-le-monde.» Le Delémontain de cœur, aujourd’hui âgé de 36 ans, se félicite d’avoir œuvré à la normalisation. En 2003 par exemple, Régis participait à l’organisation de la Pride de Delémont, essuyant injures et menaces, telle que celle de recouvrir de purin l’avenue sur laquelle devait se dérouler la marche.

«Choqué en bien»
Et malgré tout, à la clé, un succès. «Quand on a démarré le cortège, j’ai vu des centaines de personnes agglutinées sur les bords de la route. Un vieux monsieur m’avait même dit qu’il avait été ‹choqué en bien›, c’était complètement dingue.» L’acceptation populaire l’avait touché. Quel chemin en quinze ans: «A l’époque jamais on aurait osé s’afficher, se faire prendre en photo pour un journal.»

Petit à petit, Juragai est parvenu à faire partie du paysage associatif de la région, à devenir un interlocuteur respecté. Pourtant, lorsque Régis réjoignait Juragai, ce n’était pas pour l’activisme politique, mais pour la rencontre – un mot qui revient souvent sur ses lèvres. «Jusqu’à 19 ans, je n’avais aucun contact avec le milieu, je n’avais aucun modèle», raconte-t-il. «Je n’ai jamais eu de problème avec mon homosexualité. Je ne suis pas quelqu’un d’anxieux et je ne me pose pas dix milles questions sur le pourquoi du comment.»

Lorsqu’il raconte son coming out, il le fait ainsi, en trois temps: «Le premier jour, je mets un nom sur mon cas, ‹ je suis homo ›. Le lendemain, je rencontre Mathieu (son compagnon). Le surlendemain, j’annonce à ma mère que je viens souper le soir même, non pas avec une copine, mais avec mon copain.» Les angoisses pré-coming out, très peu pour lui. Une démarche moins aisée pour certains; Régis en est conscient. Offrir des modèles aux jeunes, un contact avec la communauté, c’est aussi l’une des raisons qui le pousse à poursuivre sont engagement associatif. Outre le combat politique, l’association participe au Pôle Prévention du canton du Jura et se rend dans les événements festifs (Les fours à Chaux, Le chant du Gros), dans les écoles aussi, pour sensibiliser les jeunes aux questions liées à l’orientation sexuelle.

Où sont les jeunes?
Juragai est très actif, tout d’abord par ces rencontres «conviviales» se déroulant plusieurs fois par mois. Elle compte 140 membres, dont une cinquantaine d’actifs. Régis écrit tous les deux mois le bulletin d’information de l’association, version papier. Il est convaincu que «son bébé» aide à fidéliser les membres. La moyenne d’âge? 47 ans… «Lorsque je me rends aux activités, je suis souvent le plus jeune», déplore le grand bonhomme qui s’inquiète de l’avenir de l’association, dans dix ou quinze ans. «Les jeunes ont les tchats internet, les soirées dans les grandes villes, etc.»

L’association cherche à recruter des jeunes membres, notamment pour participer à des actions de sensibilisation, mais c’est difficile. L’argument de Régis: «Venez soutenir l’association qui vous soutient!» A présent, Régis vit dans le village d’origine de son partenaire, Mathieu, à Tramelan, dans le Jura bernois, mais il reste très attaché à sa ville natale, le chef-lieu jurassien. Il travaille à Delémont, comme infirmier urgentiste, et y est par ailleurs guide touristique. Ses marottes: L’histoire, la nature, les randonnées, les gens… Un amoureux du partage et de la fameuse «convivialité jurassienne».

VISITE GUIDÉE ET CONVIVIALITÉ

Régis organise des visites guidées de la ville de Delémont, l’une d’elles notamment dédiée au passé industriel de la ville, en lien avec les mines de fer. «Parler de ça, dans ce magazine… je sais pas.» Si si, pour les passionnés d’histoire, comme lui. Pour le contacter, le site atpm.ch

Les premiers et les troisièmes vendredi du mois se déroulent des soirées conviviales dans les locaux de Juragai : film, discussion, jeux, etc. «L’occasion de rencontrer des indigènes, de boire un verre et de faire des connaissances.» juragai.ch

«Pour se ressourcer», une belle balade sur les crêtes du Chasseral, ou, si vous avez plus de temps, dans les préalpes appenzelloises ou aux Grisons. Petit côté écolo: «Pas besoin de traverser les océans pour se ressourcer: tu peux le faire en Engadine… même si, c’est vrai, la concentration de mecs au mètre carré sur Grindr y est plus faible.»