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Managed care: petites économies sur le dos des plus fragiles

Les Suisses doivent se prononcer sur les réseaux de soins intégrés. Une réforme qui pourrait avoir de lourdes conséquences pour les malades chroniques, notamment du sida, précarisés.

Combattu par un référendum, le texte qui encourage les professionnels de la santé en Suisse à se regrouper en réseaux de soins intégrés, le système dit du «managed care», est soumis au peuple le 17 juin prochain. Comme la plupart des réformes en matière d’assurance sociale, ce projet de loi a l’effet pervers de précariser les personnes les plus défavorisées. Sans vouloir jouer les dogmatiques, si l’on se penche sur les détails de cette réforme, ce constat devient évident. D’un côté, les plus aisés, qui n’auront pas de problèmes à s’acquitter (si d’aventure ils choisissaient de fonctionner hors réseau de soins) d’une quote-part à 15% plutôt qu’à 10% – et ce à concurrence de 1000 francs au lieu de 500 – en plus de la franchise. De l’autre, les personnes vivant avec une maladie chronique et un budget limité: elles pourraient voir leur prise en charge totalement bouleversée. Pour des raisons de coûts, elles devraient s’affilier au réseau de soin imposé par leur caisse d’assurance maladie et peut-être renoncer à leur médecin traitant. Une situation qui poserait problème notamment dans le traitement du VIH/sida.

Un système à deux vitesses
Sur le principe, personne ne peut vraiment s’opposer aux arguments des défenseurs de la réforme. Bien sûr, tout le monde est favorable au contrôle des coûts de la santé. Malheureusement, la solution proposée ici encore est celle d’activer le levier de la concurrence. Un moyen d’action qui a de véritables vertus sur les courbes économiques, mais qui dans la pratique, s’avère le plus souvent assez inefficace. L’actuel système suisse de caisse maladie et la hausse constante des primes en est le meilleur exemple. Dans ce cas précis, la concurrence aura pour seul effet de renforcer un système de santé à deux vitesse. Certains médecins seront prêts à sacrifier des prestations afin de pouvoir faire partie d’un réseau de soins. Les caisses gestionnaires de ces réseaux pourront alors proposer des primes certes moins chères. Mais quid des autres médecins qui refuseront de se plier au diktat des assureurs et qui continueront à offrir un niveau optimal de prestation avec, pour sûr, des frais plus élevés? Quelles sont les garanties qu’ils ne s’affilieront pas à des réseaux de soins plus onéreux avec pour effet d’aboutir à des primes supérieures, inaccessibles aux plus précarisés de nos concitoyens?

Déjà une réalité
Le «managed care» préconise également d’ancrer dans la loi le principe selon lequel le médecin de famille est la porte d’entrée du réseau de spécialistes. Idée séduisante pour rationaliser l’utilisation de la chaîne de soin et éviter que tout un chacun fasse sa petite cuisine médicale. Le hic, c’est que là encore, le raisonnement a un hic comme nous l’explique Sacha Moore juriste et chargé de projet au Groupe Sida Genève: «Un récent sondage de comparis.ch a démontré que 85% des patients s’adressent d’abord à leur généraliste avant de consulter un spécialiste». Dans cette même étude on apprend en outre que 83% des sondés font appel aux spécialistes recommandés par leur généraliste. Moralité de l’histoire, dans les faits, les réseaux de soins existent déjà!

Dans ce contexte, la question de la protection des données doit aussi se poser. Qu’adviendra-t-il des informations médicales parfois sensibles qui seront transmises de médecins à médecins, avec comme interface les assureurs maladie? Le projet ne répond pour l’heure pas à ces questions. Enfin, rappelons une dernière chose. Comme le souligne Sacha Moore: «Si la Suisse se situe dans la moyenne européenne en matière de coûts de la santé, les Etats-Unis, qui est le pays le plus avancé en terme de «managed care», est aussi celui où les coûts de la santé sont les plus élevés au monde.» A méditer avant de glisser son bulletin de vote dans l’urne, le 17 juin prochain.

One thought on “Managed care: petites économies sur le dos des plus fragiles

  1. Cette perspective argumentative est intéressante. Elle a été peu abordée. A mon avis, le fait de récompenser qqn qui s’affilie à un réseau n’est pas contestable. En outre, la prise en charge serait meilleur pour les malades chroniques dans un réseau. Mais c’est vrai qu’on peut craindre une médecine à plusieurs vitesses, avec des réseaux plus ou moins chers. Et j’ai pas trop envie que mon généraliste connaisse toutes mes petites variantes lol

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