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Santé gay: l'UDC prescrit une diète

Le parti agrarien désire supprimer les subventions publiques en faveur des centres Checkpoint. Rencontre avec Vincent Jobin pour faire le point sur les enjeux de ce débat.

Campagne pour les élections fédérales oblige, il faut assurer les coups d’éclat afin d’appâter l’électeur. Dans ce rayon, l’UDC s’est spécialisée dans les attaques frontales contre les minorités et les privilèges dont celles-ci seraient au bénéfice. Dernière cible en date, la santé gay dont le financement public est vivement contesté par le parti populiste.

Après l’ouverture des centres Checkpoint à Genève en 2005 puis Zurich, trois nouvelles structures devraient voir le jour à Lausanne, Berne et Bâle. C’est en tout cas le souhait de l’Office fédéral de la santé public (OFSP) qui préconise une prise en charge spécifique des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH). Cette institution attribue aujourd’hui 250’000 francs par année à ces deux centres spécialisés.

Le conseiller national UDC Toni Bortoluzzi clame haut et fort que «de tels établissements doivent être financés par le privé.» Et sa collègue Yvette Estermann de se demander «pourquoi les homosexuels ne peuvent pas simplement aller chez le médecin?» Le parti agrarien a souvent sous-entendu que les actions de prévention de l’Aide Suisse contre le sida (ASS) ou de l’OFSP véhiculaient une forme de «prosélytisme homosexuel», à l’instar d’Oskar Freysinger à propos d’une brochure destinée aux jeunes gays en 2005.

La section gay de l’UDC n’a malheureusement pas souhaité réagir à ces nouvelles attaques. Vincent Jobin, responsable de la santé sexuelle à Dialogai, décrypte pour nous les enjeux de ce débat.

360° – Des membres de l’UDC contestent l’usage de fonds publics pour le financement de prestations à destination de la communauté gay. Quel est votre regard sur ces prises de position?
Vincent Jobin – Je trouve que c’est faire preuve de beaucoup d’ignorance et de peu de considération pour l’humain D’autant qu’il existe de nombreux autres projets de santé communautaire, comme ceux pour les migrants par exemple. L’UDC tente de jouer sur les différences comme un levier négatif et se comporte comme le porte-parole de la masse, sans connaître les réalités des personnes qu’elle vise. Je me demande d’où vient ce besoin radical de vouloir constituer une communauté de la famille qui s’érigerait contre ceux qui n’en feraient pas partie. Mais ces attaques pourraient remobiliser les gays qui contribuent, par l’impôt, à financer une société encore très hétérocentrée et qui jugent légitime de développer des projets qui leur sont propres.

Si les subventions publiques venaient à être coupées, quels seraient les autres moyens de financer vos services?
A terme, nous voulons faire de Checkpoint une société anonyme. Cela permettrait de facturer les soins selon le système TARMED et mettre ainsi à contribution les assurances privées et non seulement les autorités publiques. Le salaire de notre personnel de soin ne dépendrait ainsi plus que d’un contrat de prestations et les bénéfices générés pourraient alors être réinvestis, notamment dans des aides au dépistage pour les personnes les plus défavorisées. Mais être soutenu par l’Etat signifie que notre action est reconnue d’utilité publique. De plus, les coûts de la santé exploseraient si plus rien n’était entrepris au niveau de la prise en charge spécifique des HSH.

L’efficacité des projets de santé gay a-t-elle été établie?
La peur des HSH vis-à-vis du système de santé traditionnel et de son homophobie supposée ou réelle paraissait très clairement dans l’étude sur la santé gay réalisée par Dialogai publiée en 2003. La sexualité fait partie des dimensions importantes à traiter lors de l’anamnèse médicale. Or, les médecins ont beaucoup de mal à parler de ces sujets, encore plus lorsqu’il s’agit d’homosexualité. Notre approche permet de considérer la question de la santé sexuelle de manière globale, en y incluant la santé mentale, le mode de vie et les besoins. Cela nous permet de travailler en amont afin de favoriser un mieux-être et permettre de limiter sur le long terme les prises de risque au sens large du terme.