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Mondial 2002: le foot, côté sexe

Le football, dites-vous, serait un sport de machos et de beaufs qui n’a rien à voir avec la gaytitude? C’est peut-être que vous n’avez pas regardé le jeu d’assez près. Cours de rattrapage lors du prochain Mondial.

Ce mois de juin risque de briser la paix dans les ménages suisses et ceux du monde entier. La guerre de la télécommande fera rage entre les accros de Loft Story, ceux du football et les autres. La raison? La phase finale de la Coupe du monde de football qui se déroulera du 31 mai au 30 juin au Japon et en Corée du Sud. Les passionnés de ce sport seront comblés puisque cet événement sera très présent sur le petit écran. Il sera donc très difficile d’y échapper.

Dès lors, pourquoi est-ce qu’un magazine comme 360° s’intéresse-t-il à un sport considéré comme «macho»? Il est vrai que le football véhicule depuis toujours l’image d’un vrai sport d’hommes virils et solides. Bref, c’est un lieu peuplé de beaufs, où il n’y a pas de place pour les tapettes. Ce sport est rangé sous la catégorie «sport de mâles». A tel point que les femmes qui jouent au football sont systématiquement cataloguées comme lesbiennes, alors que les hommes qui pratiquent ce sport sont tout sauf des tantouzes. Cependant, il est temps que la vérité soit faite: le football est bien un sport de pédés.

Premier élément et non des moindres, la composition des équipes. Le football n’accepte pas la mixité. C’est un sport qui se joue uniquement entre filles ou entre garçons. Cette séparation est aisément admise par les homosexuel(le)s, mais pas chez les autres. En effet, très peu d’activités hétérosexuelles se passent uniquement avec les représentants d’un seul sexe. D’ailleurs, une certaine paranoïa s’installe très vite lorsque plusieurs membres du même sexe se retrouvent ensemble trop longtemps et que le sexe opposé est absent.

Il est vrai qu’à aucun moment le joueur de football n’est vu comme un possible homosexuel, me rétoqueront d’aucuns. Et bien justement, pourquoi donc ne pas mettre à profit cet avantage? Le foot n’est-il pas le sport idéal pour tous ceux qui sont en quête de virilité à tout prix? Plus besoin de passer des heures au fitness: en tapant dans le ballon vous ressemblerez à un véritable homme, un vrai. N’est-ce pas la volonté de tout gay?

Frottis-frottas
Et puis vous croyez que tous les contacts sont virils? N’avez-vous jamais remarqué, au moment de tirer un corner, la manière dont les joueurs se frottent les uns aux autres? Un véritable ballet! Dans la pagaille due à l’intensité du moment, il y a une multitude de gestes souvent imperceptibles tant pour les spectateurs que pour les caméras de télévision. Une fois pourtant, des images plus que suggestives ont été prises et diffusées dans le monde entier. Lors d’un match en 1991, Michel, joueur du Real Madrid, a palpé à plusieurs reprises les parties génitales de Carlos Valderrama, joueur du Valladolid. D’après les spécialistes, le premier voulait déconcentrer le deuxième pendant le lancement d’un corner. Mais était-ce là son unique objectif? En juin 2000, le défenseur argentin Eduardo Berizzo confia au quotidien mexicain Reforma: «[…] Ils me touchaient un mollet ou une fesse pour voir si je donnais un signal». Preuve que les joueurs dragueraient donc bien durant le match.

Mais lorsque ça ne marche pas, ça se gâte. Bien souvent, après ce frotti-frotta, un joueur est tellement excité qu’il retient l’autre la manche pour éviter qu’il ne parte de l’autre côté du terrain. C’est évident, il n’accepte pas de ne pas avoir conclu. Commence alors la scène de ménage. Il lui donne des coups dont certains peuvent même être violents: coups de coude, tacle à hauteur des genoux et même coups de boule. C’est alors la fin de l’idylle entre les deux sportifs et les copains s’en mêlent.

Heureusement, tout redevient plus gai lorsqu’un but est marqué. C’est la fête. Il y a alors effusion de gestes très affectifs. Tout le monde s’embrasse, se donne des bisous, se félicite et se saute dessus. Là, tout est permis. Comme pour ce joueur espagnol qui, devant les caméras, toucha le sexe de son camarade étendu par terre alors qu’il fêtait un but. Dans ce même championnat espagnol, un autre joueur – Gallardo se nommait le vaillant gaillard – mordit carrément le sexe de son camarade Reyes qui venait de marquer. Hors contexte, ces gestes seraient tout de suite mal interprétés dans le monde hétérosexuel. Tout comme le serait la bise que se font les joueurs lorsqu’ils se remplacent. Ici, les gestes homos y sont célébrés dans la ferveur populaire.

Les réactions du public sont aussi révélatrices. Lorsqu’un joueur commet plusieurs erreurs, il n’est pas rare qu’il se fasse traiter «d’enculé» par les spectateurs qui, décidément, semblent s’y connaître. Et lorsque ce même joueur se tord de douleur par terre en se tenant la cheville, les supporters ont pour l’habitude de lui déclarer qu’il est une tapette. En plus, leur répertoire de chants est rempli de tubes discos: «Go west» des Village People ou «Can’t take my eyes of you» des Boys Town Gang. Ils s’égosillent alors sur ces mélodies en scandant le nom de leur équipe préférée. Qui plus est, l’habitude en cas de victoire, depuis la dernière coupe du monde gagnée par la France, est de chanter à tue-tête ce vieux tube que nous avions repris à notre compte: «I will survive» de Gloria Gaynor. Bref, nous retrouvons l’ambiance du dance-floor disco des dernières soirées 360° fever.

Après l’effort, le réconfort. Avec le mélange d’odeur de sueur et d’herbe fraîche, la vapeur et tous ces corps nus, nous sommes enfin en présence d’un des plus vieux clichés homosexuels: les vestiaires. Il est impossible de recenser le nombre de photos érotiques qui se déroulent dans un vestiaire ou sous les douches. Mais ce sont là autant d’éléments familiers pour les adeptes des saunas gays.