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À fond le slip

À fond le slip
Mother*Fuckers, d'Emma Murray avec Emma Ribbing et Nadine Fuchs; les 11 et 13 mai à l'Arsenic.

Lausanne célèbre les sexualités et le genre lors de son désormais incontournable rendez-vous, la Fête du Slip. Pour sa sixième édition, l’art appelle à une réflexion sensuellement combative dans un nouvel élan vital.

En 2012, Viviane et Stéphane Morey choisissaient de lancer un défi au monde: celui de créer un espace public de réflexion et d’échange pluridisciplinaire autour des questions fondamentales d’identité, de genre, de sexualités, d’exploration ou encore de justice. Six ans plus tard, force est de constater que le monde n’a plus peur de placer ces thématiques à la une de l’actualité. «Le débat sur le mariage gay en France, et la Manif pour tous allaient commencer peu après avec le mouvement Slutwalk, précurseur de #metoo», explique Stéphane Morey. «Il aura fallu attendre 2014 pour que Beyoncé s’affiche comme feminist, et qu’Emma Watson lance son initiative HeForShe à l’ONU, en prônant ouvertement une pornographie sexe positive adressée aux femmes. Ces événements de culture populaire ont contribué à redorer l’image du féminisme. Aujourd’hui, avec son dossier spécial pour la Journée des Femmes, la Tribune de Genève ne vous demande pas si vous êtes féministe, mais quelle féministe êtes-vous ?»

Oui, les consciences évoluent et certaines avancées sont indéniables en matière de droits. Il n’est cependant pas rare de croiser des idées complètement réactionnaires, voire rétrogrades, comme l’affirme Viviane Morey. «Ne jamais rien prendre pour acquis et continuer à parler de nos idées, loud and proud!»

Consentement
Pourtant, la vague #metoo n’a pas affecté la programmation 2018 de la Fête du Slip parce que la notion même de consentement est au cœur des valeurs du Festival et ce depuis le départ. Son manifeste en est la preuve. «Il y a deux choses que j’aimerais rajouter à ce propos, poursuit Viviane, la première, c’est que si le consentement est au cœur de nos préoccupations depuis le départ, nous sommes ravi-e-s de voir que les choses bougent! Rappelons-nous simplement que tout le monde n’a pas accès aux bénéfices du mouvement #metoo de la même manière, soyons inclusif·ve·s, veillons à ne pas oublier les femmes racialisées, les femmes trans* mais aussi les minorités sexuelles, nous croyons qu’en 2018 on ne peut pas se passer d’intersectionnalité. La deuxième, c’est que nous mettons sur pied un moment participatif d’échange et de réécriture du manifeste.» 

La fierté «loud and proud» affirmée se décline cette année à travers l’expression artistique de nombreux projets, avec un objectif commun: le décloisonnement. Aussi, le Festival explore-t-il des axes sans jamais se limiter à une seule tendance. Des figures drag, par exemple, seront présentes sous forme de dragons dans «Drag On» à l’Arsenic ou encore de rituels de transformation physiques et spirituels avec l’exposition de Xenia Laffely «Put a spell on us». La maternité, quant à elle, sera dansée grâce à Mother*fuckers et l’homoparentalité passée sous le regard d’Emilie Jouvet dans son film «Aria». Sans oublier l’exploration des fluides, la révolte féminine, le travail du sexe…

Transcender les limites
Le contenu sexuel y est gradué en fonction de la sensibilité du public. Décloisonner signifie forcément transcender les limites des catégories trop abruptes, ce qui ne signifie pas pour autant les oublier comme l’explique Viviane. «J’aimerais beaucoup vivre dans un monde où chacun.e est simplement même un point c’est tout. Malheureusement ce n’est pas le cas. Il y a deux choses que toutes les catégories réunies sous l’acronyme LGBTIQ ont en commun: la première est celle de différer de la norme hétérosexuelle, qui place les rôles genrés traditionnels des hommes et des femmes ainsi que la sexualité reproductive au centre. Cette norme fonctionne de manière sexiste et violente, notamment en enlevant la légitimité des personnes qui s’en écartent. La seconde est qu’aucune de ces catégories n’est une question de choix, mais les personnes ainsi catégorisées subissent discriminations et violences. Il est absolument capital de créer un monde plus juste pour toutes.»

Et cette justice-là, la Fête du Slip la célèbre dans sa plus belle expression, où liberté d’être rime avec plaisir consenti. Elle se réchauffe en abandonnant une communication monochrome pour une réalité colorée aux températures plus marquées en ce mois de mai. Une forme clémente qui donne au fond une saveur réelle à ce qui constitue le cœur de son manifeste. «Le plus grand obstacle à une approche saine des sexualités c’est le tabou, la censure et la pudibonderie. On ne peut pas trop parler de sexe, ni trop en détail. Le sexe concerne tout le monde. L’expression culturelle des sexualités est incontournable et importante.»

» La Fête du Slip, du 10-13 mai 2018 lafeteduslip.ch