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«Toutes les femmes peuvent éjaculer»

Laura Méritt, spécialiste allemande du plaisir féminin, révèle quelques secrets sur ce phénomène et pourquoi il est si souvent passé sous silence. Rencontre.

Souvent considérée comme un mythe ou une curiosité qui ne concernerait que quelques rares «femmes fontaines », l’éjaculation féminine est pourtant un mécanisme naturel à la portée de toutes les femmes. Mais il n’est pas nécessairement lié à l’orgasme. Petite leçon d’anatomie avec la sexologue allemande Laura Méritt, qui organise des ateliers dédiés à l’éjaculation féminine.

– Entrons tout de suite dans le vif du sujet: comment ça marche?
Laura Meritt – Il arrive très souvent que les femmes puissent éjaculer sans aucune stimulation sexuelle. Mais pour beaucoup d’entre elles, il faut que la prostate soit stimulée. Celle-ci est située à l’avant du vagin, du côté de la paroi abdominale. En rentrant un doigt dans son vagin, on sent qu’à cet endroit la texture du vagin est différente.
Tu veux dire au niveau du point G?
– Ce n’est pas un point, c’est une zone. Cette zone fait partie de la prostate, dans laquelle se trouvent des glandes qui se remplissent de liquide quand elles sont stimulées. C’est la prostate qui est responsable de l’éjaculation féminine, exactement comme chez les hommes.
Quelle substance est ensuite expulsée?
– L’éjaculat féminin a les mêmes composantes que celui d’un homme, à la différence qu’il ne contient pas de semence. Il contient par exemple des hormones, des vitamines… L’autre différence, c’est que les femmes peuvent produire un immense jet, ce n’est pas comparable avec le peu que les hommes peuvent sécréter. Cela peut atteindre jusqu’à un litre, voire un litre et demi, parce que les femmes ont beaucoup plus de glandes que les hommes dans leur prostate. Quand les hommes en ont deux ou trois, nous en avons vingt ou trente. Mais ce domaine n’a pas fait l’objet de suffisamment de recherches. Il est possible que le nombre de glandes diffère d’une femme à l’autre ou que les tissus se modifient au cours de l’existence.
Quel rôle joue cette éjaculation dans le plaisir sexuel?
– Cela peut jouer un rôle très important mais pas forcément. On peut éjaculer sans avoir d’orgasme et inversement. C’est la même chose chez les hommes. Je ne dis pas que c’est le nec le plus ultra mais quelque chose qu’on peut ajouter à notre palette de sensations.
Combien de femmes en moyenne peuvent éjaculer?
– Toutes.
Mais combien le peuvent sans avoir appris à le faire?
– Il n’y a pas de chiffres fiables sur le sujet. Mais le travail d’explication que nous menons aujourd’hui permet à plus de femmes d’apprendre et aussi de se rendre compte qu’elles le peuvent déjà. Il arrive très souvent qu’elles ne savent pas de quoi il s’agit. Le problème, c’est que beaucoup de femmes croient qu’elles urinent et ne remarquent pas qu’elles éjaculent, car la quantité du liquide est bien plus importante que chez l’autre sexe.

On a longtemps accordé plus de valeur à la fécondation et le désir sexuel de la femme est passé au second plan. On a dit que les femmes n’ont pas beaucoup de pulsions et de besoins sexuels

Pourquoi l’éjaculation féminine continue de rester relativement méconnue?
– C’est lié à la suprématie de la fécondation. Avant qu’au 18ème, on ne découvre qu’il y a fécondation quand un spermatozoïde entre dans un ovule et que celle-ci n’est pas liée à l’orgasme, la sexualité des hommes et des femmes était vue de façon équitable. Après cette découverte, on a accordé plus de valeur à la fécondation et le désir sexuel de la femme est passé au second plan. On a dit que les femmes n’ont pas beaucoup de pulsions et de besoins sexuels, que l’amour est plus important pour elles que le sexe, qu’elles préfèrent s’occuper de la maison et des enfants…
Existe-t-il des textes anciens qui se réfèrent à l’éjaculation féminine?
– Oui, dans les livres de tantra, et dans certaines versions du kamasutra. Il n’y a qu’en Occident qu’il n’y a pas d’écrits à ce sujet.
Quelles attentes ont les femmes qui participent à tes ateliers?
– Elles viennent parce qu’elles ont envie de mieux se connaître elles-mêmes. Parce qu’elles savent très peu de choses sur leur propre corps, et aussi parce qu’elles sont totalement choquées de pas savoir comment ça fonctionne, alors qu’elles ont vingt, trente, quarante ou cinquante ans.
Est-ce que toutes celles qui viennent te voir savent ensuite comment éjaculer?
– Non, toutes n’y parviennent pas, mais ce n’est pas le but. Ce qui est important, c’est d’apprendre où est quoi, quels exercices on peut faire pour y arriver, et où se trouvent nos blocages. Chaque personne a un blocage, mon rôle c’est de l’aider à le dépasser. En tant que femmes, nous apprenons toujours à refréner notre sexualité, à ne pas l’afficher. On ne nous aide pas à vivre librement notre sexualité.

Laura Méritt est l’auteure du livre «Frauenkörper neu gesehen» (Un regard neuf sur le corps des femmes), un manuel d’anatomie féminine axé non seulement sur la sexualité mais sur la santé. Une véritable mine d’infos, malheureusement seulement accessible aux germanophones. 215 p., éditions Orlanda Frauenverlag, 24,50 euros.

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