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«Zones humides», plaisirs sales

Le réalisateur David Wnendt veut briser les tabous en racontant les aventures d’une jeune bisexuelle adepte de pratiques singulières et malodorantes…

Ce fut le film le plus controversé du dernier Festival de Locarno, son nouveau directeur Carlo Chatrian n’hésitant pas à miser sur le cul pour rameuter la foule. Marchant avec succès sur les traces de son prédécesseur Olivier Père, qui avait lui aussi tenté d’appâter le client avec L.A. Zombie de Bruce La Bruce, nous fourguant un porno gore homo sous prétexte d’art, le boss a ainsi fait salle comble en programmant en compétition Zones humides (Feuchtgebiete), de l’Allemand David Wnendt. Le réalisateur a adapté le best-seller éponyme de sa compatriote Charlotte Roche, qui avait provoqué de gros remous dans le pays lors de sa sortie en 2008, tout en se vendant à quelque trois millions d’exemplaires. Un succès phénoménal allant évidemment de pair avec le contenu de l’ouvrage, tournant autour de confessions érotiques aussi scabreuses et obscènes que sulfureuses.

fluides et de sécrétions
Dénonçant l’emprise pudique, hygiénique et avilissante de la société sur les fondamentaux de l’être humain, la romancière décrit les aventures, qui se déroulent exclusivement en milieu hospitalier, d’une jeune fille bisexuelle de 18 ans. Adepte de pratiques anales et de plaisir sales, elle prône la vertu des odeurs, laideurs et autres disgrâces, sur fond de fluides et de sécrétions diverses. Pour certains il ne s’agit que de vulgaire pornographie. Pour d’autres au contraire, l’auteur d’origine anglaise à l’enfance chaotique, accessoirement journaliste et ancienne présentatrice de Tracks sur Arte, brosse avec talent le portrait d’une génération perdue par le biais d’un pamphlet féministe. Sinon un pied de nez à notre obsession pour la mode, le beau, le correct et le propre.

On est déjà assez loin du but dans le livre. Que dire alors du film où la Tessinoise Carla Juri enfile le costume de l’adulescente en pleine exploration de son corps et de ses émanations malodorantes! Apparemment épanouie, décomplexée et libre de ses choix, elle entretient en réalité une relation conflictuelle avec ses parents divorcés. Souhaitant les réconcilier, elle utilise une sexualité maladive et destructive pour régler ses problèmes existentiels, jouant les anticonformistes en compagnie de son amie Corinna.

Les premières scènes nous mettent vite au parfum, la montrant en train d’écumer des toilettes publiques hyper crades de Berlin, pataugeant pieds nus dans de l’eau croupie pleine d’immondices, époussetant le couvercle des waters de sa chatte, tout en portant un poil pubien à la bouche. Souffrant d’hémorroïdes, elle ne cesse de se gratter le derrière en faisant du skate.

Une rebelle bidon
Se masturbant aussi avec des légumes, notre sodomite en herbe se paie à l’occasion une pute dans un bordel. Et finit par se retrouver à l’hôpital suite à une fissure anale provoquée par un malencontreux rasage intime. Rouvrant sa cicatrice pour rester plus longtemps, toujours dans l’espoir vain de voir ses parents ensemble à son chevet, elle tombe amoureuse de son infirmier.

Divagation parfois laborieusement onirique prétentieusement de briser les tabous bourgeois. Emmené par une rebelle bidon, il se révèle faussement transgressif et provocateur, minablement exhibitionniste. On est plutôt dans une sorte de pipi caca dégoûtant, culminant dans un échange de tampons ensanglantés entre les deux copines, ou dans l’histoire d’une commande de pizza copieusement assaisonnée de sperme par quatre mecs en érection, qui éjaculent au ralenti. Bon appétit aux fans du genre!

«Zones humides» sur les écrans alémaniques. Sortie en Suisse romande et en France: date non communiquée.

Carla Juri aime le risque

Jolie, singulière, attachante, pleine de charme et de caractère, Carla Juri porte le film sur ses épaules et tente de tirer le maximum du rôle casse-gueule et peu ragoûtant qui lui a été confié. Pas facile, d’autant qu’elle est âgée de 27 ans et que son personnage en a presque dix de moins. Mais la jeune femme dit aimer prendre des risques et choisir des personnages présentant un défi.

Carla Juri a grandi au Tessin. Alors qu’elle joue au … hockey sur glace à Ambri avec les garçons, elle part étudier aux Etats-Unis à 15 ans dans l’idée d’intégrer une équipe féminine. Rentrée en Suisse pour passer sa maturité, elle repart suivre cette fois, entre 2005 et 2010, une formation de comédienne à Los Angeles, puis à Londres.

Elle connaît son premier succès avec «180°» de Cihan Inan, cinéaste helvétique d’origine turque qui lui vaut le prix du Cinéma suisse pour un meilleur second rôle en 2011. Multilingue, elle a été engagée en Italie et en Angleterre, notamment dans «Fossil» du Britannique Alex Walker.