Chéri, passe la tondeuse!
Il suffit de fréquenter les établissements de bains ou consulter quelques publications érotiques pour se rendre compte que ces temps-ci, les taillages de pubis, rasages de scrotum et autres désherbages génitaux-anaux sont de rigueur chez les messieurs...
En guise d’outil de jardinage, ceux-ci ne vont pas chercher bien loin: le rasoir manuel (oui, le vulgaire bic jetable) reste une méthode simple et relativement sûre de réaliser l’opération. Il suffit d’utiliser beaucoup de mousse, et de bien tirer la peau du scrotum et de la verge avant de passer la lame. Mais le fini n’est pas aussi impeccable qu’avec les crèmes dépilatoires que vous vous procurez dans votre supérette (en rasant les murs, comme il se doit). Contrairement à une idée reçue, ces désherbants, certes chimiques, sont sans danger pour votre fertilité (en d’autres termes, votre sperme reste bio). Elles utilisent des substances qui dissolvent la kératine retenant la racine du poil dans la peau. Cela étant, la peau s’irrite et s’enflamme facilement dans ces recoins de l’anatomie masculine, notamment sous l’effet de réactions allergiques. Plaies, croûtes et boutons: votre jardin se transforme alors en champ de mines parsemé de cratères. Autre désastre annoncé: tondeuses et rasoirs électriques qui promettent de faire rejouer à vos bourses la bataille de Verdun.
Vengeance
Dans tous les cas, vous verrez vos poils réapparaître au bout de quelques jours. Plus noirs, plus drus, leur vengeance tient en trois lettre: PFB, pour pseudofolliculitis barbae. En clair, le poil se développe à l’intérieur du follicule, c’est-à-dire de l’épiderme, produisant une magnifique pustule, particulièrement fréquente lorsque les poils sont frisés, et dieu sait s’ils le sont aux endroits qui nous intéressent.
Pas le moment, donc, de se la jouer macho: baby lotion, lait corporel, tout ce qui peut hydrater la peau après le rasage est bienvenu.
Sur un autre plan, gardez à l’esprit que l’acomoclitisme – la pratique du rasage génital intégral – peut avoir des effets inattendus sur votre libido en vous replongeant brusquement dans une sensation physique de pré-puberté. Certains adeptes du bondage et du SM en raffolent, mais d’autres risquent de perdre tous leurs effets. Eh oui, c’est que la pilosité reste un piège à hormones, un emblème de maturité sexuelle et tout de même aussi… un objet du désir!
[Illustration: Nicole Conus]
