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Une peine de mort teintée d’homophobie

Une peine de mort teintée d’homophobie
Charles Russell Rhines a aujourd'hui 61 ans, dont vingt-cinq passés derrière les barreaux.

Des avocats tentent de faire annuler le verdict d'une affaire de meurtre de 1993 dans le Dakota du Sud. Des jurés avaient estimé que Charles Rhines, en tant qu'homosexuel, apprécierait trop la prison.

En 1993, Charles Rhines avait été condamné à la peine capitale par injection létale pour un crime commis en mars de l’année précédente à Rapid City, dans l’Etat rural du Dakota du Sud (centre-nord des Etats-Unis). L’homme avait poignardé à mort un de ses anciens collègues, Donnivan Schaeffer. Ce coursier de 22 ans l’avait surpris en train de cambrioler le magasin de doghnuts d’où Rhines avait été viré quelques semaines plus tôt. Vingt-cinq ans plus tard, des avocats tentent de faire réviser son procès et viennent de faire appel à la Cour suprême fédérale. Car pour eux, la sentence était entachée d’homophobie, explique le magazine en ligne The Intercept.

En effet, des documents attestent que les délibérations du jury, au moment de décider entre la peine de mort et la perpétuité, s’étaient largement écartées des considérations sur le meurtre lui-même pour s’intéresser à l’orientation sexuelle de l’accusé. Ainsi plusieurs jurés s’étaient préoccupés de savoir si Rhines pourrait former «un groupe d’admirateurs» en prison, ou s’il aurait des «visites conjugales», d’après des notes préservées du procès.

«Il y avait beaucoup de dégoût»
«Cela nous a sauté aux yeux, raconte Shawn Nolan, du Federal Community Defender Office à Philadelphie. C’était patent qu’il y avait chez eux un parti pris anti-gay.» Un sentiment confirmé par l’interview de certains des jurés du procès. «L’un d’eux pensait que Rhines ne devait pas passer sa vie en prison avec d’autres hommes. Un autre avait estimé que la perpétuité enverrait l’accusé là où il voulait aller. Il y avait beaucoup de dégoût. C’est une communauté de fermiers…» résume Nolan.

En principe, la loi américaine ne permet pas d’annuler une condamnation sur la base des délibérations du jury. Mais dans ce cas, selon Nolan, les protections constitutionnelles ont été bafouées. Le cas de Charles Rhines pourrait ainsi bénéficier d’une récente décision de la Cours suprême fédérale, qui a cassé le procès d’un habitant du Colorado accusé d’agression sexuelle et de harcèlement. Le prévenu et un témoin crucial de la défense, tous deux hispaniques, avaient été jugés non crédibles en raison de leur origine ethnique.

Climat d’homophobie d’Etat
L’Etat du Dakota du Sud conteste fermement l’analogie entre les deux affaires. Pour les défenseurs de Rhines, au contraire, les stéréotypes racistes et homophobes bafouent de la même manière le droit constitutionnel. Le verdict de 1993 s’inscrivait d’ailleurs dans un climat d’homophobie d’Etat très prononcé. A l’époque, les rapports sexuels entre hommes consentants était encore illégaux dans plusieurs Etats américains et la discrimination était largement pratiquée dans les domaines du logement ou des forces armées.

Surtout, la sexualité ne jouait aucun rôle dans l’affaire Rhines. Il n’y avait donc aucune raison que l’orientation de l’accusé fasse l’objet de débats au tribunal. Le prisonnier, qui n’a jamais contesté le meurtre qu’il a commis, a aujourd’hui 61 ans, dont bientôt 25 passés dans le couloir de la mort. Un comble pour ceux de ses jurés qui voulaient le priver de ce «plaisir».