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Des crimes de haine si «banals»

Des crimes de haine si «banals»

La vidéo virale du lynchage d'une ado trans dans le nord-est du Brésil relance le débat sur l'invisibilité des crimes de haine dans ce pays, où un·e LGBT décède de mort violente toutes les 25 heures.

La vidéo est insoutenable: une jeune personne en t-shirt rouge et bermuda blanc hurle, terrorisée. Elle est poursuivie par au moins cinq garçons. Elle s’écroule, sous des jets de pierres et des coups de bâtons et de hache. Elle est encore frappée à terre avec une brutalité inouïe. Les ados s’acharnent encore sur son corps inanimé, qui gît au milieu des détritus.

Après avoir été censurée sur les réseaux sociaux, cette séquence de 47 secondes est devenue virale sur les messageries, sous le titre «Assassinat d’un gay au Brésil». De fait, on entend un des assaillants traiter la victime de «viadinho», une insulte homophobe. D’après des sources syndicales citées par Esquerda Diario, celle-ci était une travesti en cours de transition.

«Règlement de comptes»
La police a finalement communiqué cette semaine sur ce crime. Le nom de la victime était Wesley Tiago de Sousa Carvalho, 17 ans. Le lynchage a été perpétré le 30 décembre 2017 dans le quartier touristique de Praia do Futuro, à Fortaleza (nord-est). Toutefois, les enquêteurs ont écarté la thèse du crime de haine, ajoutant n’avoir aucune information sur l’orientation sexuelle et sur l’identité de genre de Wesley. Il s’agirait d’un «règlement de comptes entre gangs».

Cette conclusion rapide laisse la communauté LGBT locale sceptique. «Face à une réalité où ces assassinats se suivent, on se retrouve dans la plupart des cas sans la moindre enquête. Et si enquête il y a, elle vise à nier l’existence de LGBT-phobie», écrit le site anticapitaliste Esquerda Diario. Les crimes visant les gays, lesbiennes, bi et trans seraient ainsi classés de manière routinière comme suicides, crimes passionnels ou alors mis sur le compte de la guerre des gangs.

Vulnérabilité
A Fortaleza, le drame du 30 décembre rappelle le massacre d’une femme trans de 42 ans, Dandara, également filmé, qui avait horrifié l’opinion au début de l’année 2017. Sur 115 travestis assassinées cette année-là jusqu’en septembre, seul ce cas avait été traité par la justice. Dix de ses assaillants présumés ont été inculpés. Un projet de loi qui porte le nom de Dandara a été soumis au Congrès, il prévoit de considérer la haine LGBT-phobe comme circonstance aggravante.

Le Brésil détient le triste record des meurtres de personnes LGBT: 331 en 2016, soit un toutes les 25 heures. Socialement très exposées, les transsexuelles et travestis sont surreprésentées dans ces statistiques. Leur espérance de vie est d’à peine 35 ans, selon des chiffres présentés à l’ONU. Pour la militante Virgínia Guitzel, «l’Etat est complice de la violence, parce qu’il ne prend pas la défense des LGBT, nie leur existence, exclut et marginalise».